Mizuki Zaitsu

Histoire

Une orpheline sans histoire, voilà ce que je réponds quand on me demande qui je suis. Et c'est vrai ça, qu'est-ce j'ai d'intéressant à raconter ? On ne se soucie visiblement pas trop de moi puisque personne ne prend la peine de m'adopter. Je dois faire fuir mes potentiels nouveaux parents avec mon franc parler. Ils veulent une petite fille mignonne, ils se trompent de personne. De toute façon je n'aurais jamais d'autres parents que les vrais, ceux qui m'ont élevée. Ce n'est pas parce qu'ils sont au ciel qu'ils sont des inconnus désormais. Je les aime autant que j'aime mon petit frère. D'ailleurs l'orphelinat a mal fait les choses, lui a été adopté sans moi. Il vit dans une nouvelle maison avec une famille qu'il ne connait pas, comment est-ce que je dois croire qu'il est heureux là-bas ? Le connaissant il pleure tous les soirs pour me réclamer peureux comme il est. Je jure que si je retrouve ceux qui me l'ont arraché ils vont passer un sale quart d'heure. J'ai dit que je n'avais rien d'une petite fille mignonne, et c'est vrai. Je suis rancunière, je n'ai pas peur de faire du mal à ceux qui m'en ont fait. Enfin pas trop, je ne suis pas ce qu'on appelle une psychopathe ou une sadique, j'aime juste régler mes dettes si on peut dire.

Pourquoi je suis orpheline ? Parce que mes vrais parents sont morts bah tiens, étonnant, je sais. Notre maison a brûlé dans un incendie, mon frère et moi sommes les seuls survivants. Depuis j'ai peur du feu, rien de très surprenant. Je ne veux jamais avoir un type feu avec moi, ni revoir des flammes dans ma vie. Tout ça à cause d'un banal accident en cuisinant, je ne ferais jamais la cuisine non plus. Je ne serais pas une gentille épouse plus tard, cette idée me dégoûte. Ouais je me revendique comme tous ces jeunes qui crient à l'évolution de la société et je n'ai pas peur de le dire. Madame Meredith Smith est mon modèle, bien plus que madame Charlotte. Elle est gentille, je ne dis pas le contraire mais... Je ne sais, ça coince chez moi. Peut-être le fait qu'elle soit mariée, ou qu'elle ait des enfants. Peut-être que je suis simplement jalouse de son bonheur, possible. Je ne l'avouerai jamais en tout cas, j'aurais trop honte, au vu de la tendresse dont elle nous couvre tous. Au moins j'aime bien les autres orphelins, c'est déjà ça. On s'amuse à jouer des tours aux adultes principalement, parfois aussi à nos camarades.

D'où je viens ? Je suis une fille de la mer moi. Déjà je suis originaire de Hoenn, et je compte bien y retourner une fois adulte. C'est une région tellement belle, et surtout il y a l'océan. Un très grand océan, trop grand diront certains. Mais on a jamais assez d'eau pas vrai ? Ma famille vivait à Pacifiville, la ville sur l'eau, autant dire que j'ai appris à nager avant de marcher. On ne me croit pas quand je le dis mais c'est pourtant vrai. La natation n'est pas un sport pour une fille, je compte bien prouver le contraire. Dès que j'en ai l'occasion je participe à des compétitions - adaptées à mon âge pour l'instant. Les garçons se moquent de moi, je m'en fiche. Je les bats tous et ça leur en bouche un coin. Fini de rigoler les gars. Bref, revenons à notre vie là-bas. C'était parfait, hormis qu'il fallait souvent faire des tours jusqu'au port le plus proche pour les grandes courses. J'adorais être sur le bateau avec papa et maman, ne fait qu'un avec le vent, c'était génial. Autant dire que je connais bien Poivressel vu qu'on y allait régulièrement. Surtout que papa était pêcheur et il se rendait là-bas pour vendre ses prises sur le marché.

Pourquoi on a déménagé à Keros alors ? Eh bien pour la santé de maman. Elle n'allait pas bien, on s'est dit que changer d'air lui ferait du bien. Notamment parce qu'il y a une ville ressemblant à Cimetronnelle dans la région, et que de la famille éloignée y vivait. Bref plein de circonstances qui nous ont amenés à bouger. La pêche devenait moins rentable dans le coin aussi. Je me souviens que papa avait de plus en plus de mal à cause de concurrents je crois. J'étais un peu jeune pour exactement comprendre, mais on a emménagé à Eideann. Pire idée de notre vie puisque c'est ici que l'incendie s'est déclenché. J'ai refusé de rester dans cette ville après ça, je pense que ça peut se comprendre. Notre oncle et notre tante ne pouvaient pas nous garder non plus puisqu'ils avaient déjà leurs propres bambins sur les bras. Donc c'est ainsi qu'on a atterri dans ce qui est considéré comme le meilleur orphelinat de Keros. Dans la ville de Doon, près des spectres, bouh. Plus des histoires à faire peur aux enfants qu'un réel danger. Je les aime bien les spectres moi, ils disent des choses amusantes parfois, et on fait des mauvaises blagues ensembles.

Non, je ne parle pas exactement aux pokemons, disons que je les comprends ? On se comprend mutuellement grâce à nos émotions, c'est un ressenti, enfin bref je ne sais pas trop comment expliquer ça. En tout cas j'arrive à deviner plus ou moins ce qu'ils pensent, ça reste approximatif. Madame Charlotte dit que c'est un don, et que peut-être ça deviendra plus puissant en grandissant. J'ai hâte de pouvoir discuter tranquillement avec mes pokemons alors.

Ce qui nous amène à aujourd'hui du coup. Je suis toujours à l'orphelinat comme je disais, je vais au lycée comme tous les enfants de mon âge. A côté je m'intéresse beaucoup à l'élevage. Bah oui, autant mettre à profit mon don, c'est plus facile pour faire des couples entre eux du coup. Sans compter que ça me plaît vraiment, c'est beau de voir des œufs éclore, d'être capable de conseiller les gens sur le comportement des pokemons, ce genre de choses. Et au moins dans ce métier personne m'embêtera à me dire que c'est pas pour les filles. Il y a autant d'hommes que de femmes là-dedans. Cependant ça ne veut pas dire que j'abandonne mon rêve d'être championne de natation. Je continue à prendre part à des compétitions quand je peux. Un parcours bien difficile que j'ai choisi, et j'en suis fière !