KEROS Forum Pokémon années 60

Forum Tout public optimisé pour Chrome et Firefox.

Avatar illustré 200x320, contexte Pokémon années 60. Pas de minimum de lignes.
Keros
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  FAQFAQ  RechercherRechercher  MembresMembres  GroupesGroupes  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
-35%
Le deal à ne pas rater :
Philips Hue Kit de démarrage : 3 Ampoules Hue E27 White + Pont de ...
64.99 € 99.99 €
Voir le deal

And then, I met you ━ ft. Saoirse
Page 1 sur 1
avatar
Invité
Invité
Ven 27 Nov - 16:49   
And then I met you
Dans un amas de couvertures bariolées, seule la chevelure argentée de Rohann dépasse et trahit sa présence. La respiration légèrement sifflante, l’adolescent roupille sereinement, maintenu au chaud par sa Flamiaou roulée en boule contre ses pieds. L’hiver est bien installé à Keros et le jeune galarien, qui a été quelques années habitué au beau temps d’Alola, ne le pensait pas si rude. Résultat, il s’est emmitouflé dans des plaids épais et doux afin de lutter contre le froid s’infiltrant par sa fenêtre mal isolée. En plus de cela, il profite allègrement du corps naturellement chaud de Cynder, qui sait parfaitement où s’installer lorsque son petit maître grelotte. Résultat, le jeune homme est enveloppé dans un cocon de chaleur tellement agréable qu’il en dort la bouche ouverte. D’ici quelques minutes, son réveil le tirera de ses rêveries et sa toute première journée en tant qu’apprenti Ranger à l’ambassade débutera. La veille au soir, en songeant à tout ce qui l’attendait, Rohann a bien failli rendre son dîner. Comme toujours, l’angoisse met son estomac à mal et menace de le vider d’une manière bien désagréable. Ce n’est qu’allongé qu’il a réussi à calmer ses douleurs abdominales, à tel point qu’il s’est endormi sans réellement s’en rendre compte, son roman ouvert sur ses cuisses. Depuis, l’ouvrage a glissé au pied du lit et l’adolescent s’est roulé en boule, désirant toujours plus de chaleur et de confort. Sa couche n’est pas de première jeunesse, mais le matelas est confortable contrairement à celui qu’il a dû supporter pendant trois ans, à l’internat de Volucité. Sûrement avait-il connu plusieurs apprentis avant lui, pour se retrouver dans un tel état. L’actuel, pour le coup, semble parfaitement neuf - ce qui n’est absolument pas pour lui déplaire. Voilà longtemps qu’il n’avait pas si bien dormi.

Malheureusement, toute bonne chose a une fin, comme le prouve la sonnerie stridente qui résonne soudain dans la petite chambre. D’une pression sur le bouton surmontant l’appareil, Rohann met fin à son supplice et se redresse dans son long en bâillant, étirant son corps ankylosé par le sommeil. A ses pieds, Cynder s’éveille lentement, ses yeux jaunes à peine ouverts. L’adolescent n’attend pas plus longtemps pour quitter ses couvertures, frissonnant lorsque la fraîcheur ambiante vient caresser sa peau découverte. D’une démarche quelque peu gauche, il rejoint son armoire tout en frottant ses yeux encore plein de sommeil. Distraitement, presque mécaniquement, il décroche sa tenue de Ranger de son cintre et l’enfile prestement. Rohann a toujours préféré se doucher le soir, afin de s’offrir quelques minutes de sommeil supplémentaire le matin. D’autant qu’il préfère ne pas avoir à partager sa toilette avec les autres élèves de si bon matin. D’ailleurs, il ne passe par la salle de bain commune que pour se laver le visage et donner un peu d’allure à ses cheveux en bataille. Le reste s’enchaîne rapidement : il prend un petit-déjeuner léger à la cafétéria, se lave les dents et rejoint sa salle de cours en premier. En effet, ce matin-là, il a droit à quelques heures en classe avant de rejoindre son formateur attitré pour le reste de la journée. Malgré trois années entières destinées quasiment entièrement à la théorie, il faut croire que le programme n’en finit jamais. Ce n’est cependant pas quelque chose qui dérange vraiment Rohann, qui a toujours pris un plaisir certain à écouter des professeurs parler des heures et des heures. D’après son emploi du temps, seulement quelques petits créneaux se dérouleront en classe. Le reste du temps, il étudiera auprès de son formateur ou participera à des missions auprès de professionnels qualifiés. Et si Rohann apprécie les cours, il a malgré tout bien hâte de se lancer dans de folles aventures sur le terrain.

La matinée a finalement défilé à une vitesse spectaculaire - lorsque le formateur a annoncé la fin du cours, Rohann a eu du mal à croire qu’il était déjà presque midi. Pourtant, son estomac commençait déjà à émettre quelques petites plaintes, peu satisfait de sa maigre collation de ce matin. Si certains attendent la pause-déjeuner avec impatience, ce n’est vraiment pas le cas de Rohann. C’est généralement un moment de partage, où les gens se réunissent pour discuter et échanger de tout et n’importe quoi. Et c’est bien là le problème : lui, il n’ose pas aller vers les autres et se mêler à eux. Pire encore, il décline les invitations pourtant amicales des autres élèves, afin de s’isoler. Il passe à côté de bonnes occasions de se faire des amis, parce qu’il refuse de leur faire confiance. Trop de fois il a connu les faux sourires qui se sont mués en rires déplaisants. Désormais, il refuse d’accorder sa confiance à qui que ce soit, dusse-t-il terminer sa scolarité seul. Une fois n’est pas coutume, il a donc déjeuné seul, dans un coin isolé du réfectoire, son livre pour seule compagnie. A cette heure-ci, il laisse Cynder vagabonder tranquillement dans les abords de l’ambassade, alors il se permet de lire à table. Le roman qu’il dévore actuellement n’est pas le meilleur qu’il ait lu, mais il a le mérite de faire passer le temps. Une fois son repas terminé, Rohann rejoint son endroit favori : le banc en retrait dans le parc. Il a beau faire frais dehors, il apprécie prendre un peu l’heure le temps de quelque temps. D’ici moins d’une demi-heure, il devra rejoindre son formateur dans son bureau. C’est à peine s’il a rencontré monsieur Olsen, le jour de son arrivée. Il ne saura vraiment appréhender son caractère, mais son palmarès est assez impressionnant. Néanmoins, Rohann ne parvient absolument pas à prononcer son nom. Saoirse … Zaoirze ? Zahoirçeuh ? Impossible de le deviner. Donc, dans le doute, Rohann l’appellera monsieur. C’est très bien, monsieur.

Finalement, l’heure sonne et l’adolescent se presse de refermer son livre et de le glisser dans son sac. Il siffle ensuite Cynder, qui se hâte de le rejoindre au petit trot. Direction les bureaux des formateurs, désormais. La gorge sèche, nouée même, le galarien passe devant les nombreux portes et s’arrête finalement devant celle où un écriteau noir affiche “OLSEN” dans une police noire et épaisse. Rohann paraît hésiter un instant, avant de laisser ses phalanges rebondir sur le bois de la porte. L’instant d’après, il actionne la poignée et pénètre timidement dans le bureau, apercevant instantanément la chevelure rousse de son formateur référent.

B-Bonjour, monsieur. J’ignorais si je devais vous retrouver quelque part alors, dans le doute, je préfère me présenter directement dans votre bureau. J’espère que je ne vous dérange pas ?

 
SaoirseOlsen
When you meet someone special, you know.
Your heart will beat more rapidly
and you'll smile for no reason.
avatar
Invité
Invité
Sam 28 Nov - 1:02   

And then I met you

innerlands - ambassade
ft. Rohann
Ce bureau était des plus mornes. Saoirse ne parvenait pas à s'y faire. Cela faisait maintenant trois jours qu'il passait matinées comme après-midis dans ce drôle de placard à balais, affublé d'un grand secrétaire pliable, déjà couvert d'une belle pile de dossiers, d'une chaise inconfortable et d'armoires massives qui montaient jusqu'au plafond, relativement bas, pleines à craquer de classeurs et autres nids à paperasse. On avait seulement su lui dire qu'il appartenait à un ranger parti à la retraite. Sur les dernières années de sa carrière, il était plus versé dans l'administratif. C'était à lui qu'on adressait toutes les plaintes et requêtes qui étaient à l'origine des missions qu'on affichait ensuite sur le grand tableau de la salle générale, réservée aux rangers diplômés. Les supérieurs les assignaient alors à chacun. On les décrochait les unes après les autres, avant de les remplacer, à nouveau, indéfiniment… Le cycle des missions et petits papiers de l'ambassade était sans fin. Des lettres, il en arrivait de toute la région, et parfois même de l'étranger. On y ajoutait les plaintes déposées directement au secrétariat. C'était une pile détestable, qui ne cessait de croître, monstre de papier et d'administration qui n'avait pas manqué d'effrayer le jeune homme lorsqu'on lui avait présenté son bureau le premier jour. Cette phobie administrative était devenue une réalité lorsque le grand manitou de l'établissement lui avait fait comprendre que, jusqu'à nouvel ordre – et c'était dire que cette situation n'était pas prête de finir –, il s'occuperait de toutes ces choses-là. C'était les mots qu'il avait prononcés, sans erreur possible. Il n'avait pas donné de nom à cette torture, et ça l'avait rendue encore plus terrible. Alors, pour son premier jour de travail, le rouquin s'était retrouvé en tête à tête galant avec ces innombrables dossiers et piles de chemises pleines à craquer, avec pour seule consigne de faire le tri. Autant dire que soixante-douze heures plus tard, il était  loin d'avoir fini. Et alors qu'il s'apprêtait à donner le tout premier cours de son existence, seuls ces cruels dossiers occupaient son esprit embrouillé, saturé de dates, de noms anonymes, de récits rocambolesques… Un Roublenard terreur d'un poulailler…? Mais où devait-il donc classer une telle mission…? Était-ce d'ailleurs réellement une quête digne d'un ranger…? Les habitants ne pouvaient-il pas eux-même régler ce problème…?
Un soupir franchit les lèvres gercées du jeune homme alors qu'il laissa tomber négligemment la missive sur le tas "à jeter". Mais où avait-il donc atterri…? Région d'assistés, pensa-t-il. Fiers, mais pas même capable de se débarrasser d'un simple pokémon sauvage. N'y avait-il donc pas des dresseurs dignes de ce nom, dans le coin ? Déranger une patrouille pour ça… Franchement ! Dans quel monde vivait-on ? C'était tout de même extraordinaire ! Comme si lui, Saoirse, récompensé de la médaille du courage à Unys, aller partir courser un pauvre Roublenard ! Tara n'en ferait qu'une bouchée. Idioties…
Il déchira une autre lettre, presque rageusement, et jura à demie-voix, sentant la frustration monter petit à petit, tout doucement, et le prendre progressivement à la gorge. Quelle galère… Combien de temps allait-il devoir faire ce travail de fou ? Ce n'était certainement pas à lui de se charger de tout ça ! Il n'était pas un esclave, mais un homme compétent, prêt à aller sur des missions de haut-vol, des dossiers complexes, dangereux… Certainement pas fait pour des tâches aussi triviales… Pas lui.

Si Christie le voyait…
Son visage s'assombrit.
Si elle le voyait, elle aurait honte. Elle se serait sans doute moquée. Comment pouvait-on lui faire cet affront, à lui…? La paperasse. Le tri. Pour lui…!

Perdu dans ses lettres et ses petits papiers, courant d'un tas à l'autre l'air bien ennuyé, pestant à la moindre requête sortant de l'ordinaire, il manqua bien évidemment l'heure du déjeuner. Pourtant, la sonnerie qui donnait sur son bureau était assez sonore, peut-être même stridente… Mais il l'ignora, s'échoua une fois de plus dans un monologue courroucé, grognant, s'évertuant à maudire l'ensemble de la profession. Ce directeur était décidément un bel imposteur ! Un con, de la pire espèce ! Et ces collègues…! Ne lui avaient-il pas dit de ne pas s'embêter pour le premier cours ? Laisser courir son élève autour du bâtiment. Six tours, de quoi lui faire les jambes ! Quel genre de conseil était-ce…? Désiraient-ils que tous les étudiants le détestent en cœur dès le premier jour ? Mais quelle idée ! N'y avait-il pas d'abord des choses plus importantes à entreprendre…? Par exemple… Par exemple se présenter. Purement et simplement.
Il avait passé sa soirée à construire un programme complet pour les deux prochains mois. Activités quotidiennes, les équipements à préparer pour tel ou tel jour, une mission à telle date, une excursion en pleine nature un week-end. Tout était annoté, tapé très clairement à la machine. Il avait mis un certain temps à changer l'encre de celle qu'il possédait, à la remettre petit à petit en marche… Et, lentement mais sûrement, il avait préparé cette fiche que son élève devrait garder pour ses prochaines semaines de cours, précieusement. Avec ça, tout deux sauraient où ils se dirigeraient, et leur rapport n'en serait qu'amélioré.
Ce garçon… Rohann. Il avait l'air d'un étudiant sage, sérieux. Saoirse avait consulté ses bulletins : ses résultats étaient excellents. Raison de plus pour donner le meilleur de lui-même, ne pas faillir et mettre en péril ses études. Au tout début, il avait pensé ne pas y mettre du sien. Faire seulement le strict minimum, se concentrer sur les nouveaux projets d'avenir qui germaient progressivement dans son esprit fertile… Mais, en découvrant tous ces commentaires positifs dans les dossiers du Galarien, il avait pensé qu'il serait injuste de briser ainsi le rêve d'un adolescent aussi brillant. Par ailleurs, ses résultats en éducation sportive l'avaient beaucoup étonné. Malgré la maladie, le garçon présentait de bonnes aptitudes physique… Mais le rouquin avait tout de même pris note de toutes les fois où le garçon s'était senti mal. Et, même si ces exceptions ne défrayaient pas la chronique, elles étaient tout de même régulières, encore trop pour se risquer à le mettre en difficulté physiquement. De tout ça, il devrait en discuter avec lui. L'idée même de déclencher une crise d'asthme sévère chez son élève lui donnait des sueurs froides… Il se souvenait des terribles quintes de toux de Christie, et la peur, la culpabilité le prenaient de nouveau à la gorge. Hors de question de revivre une telle horreur. Jamais plus.

Lorsqu'on frappa à la porte, Saoirse sursauta. Il jeta un petit coup d'œil alerte à la vieille horloge accrochée au-dessus de la porte d'entrée, et devint livide. C'était donc déjà l'heure…! Et il n'avait même pas mangé… Il mordilla un instant sa lèvre inférieure, en tira désagréablement quelques peaux mortes, et opta pour une indifférence feinte, comme s'il avait toujours attendu sa venue, gardant son nez dans ses dossiers, tel l'homme occupé qu'il était.
Évidemment, excellent acteur, son petit cinéma eut l'effet escompté. La voix inquiète du jeune homme s'éleva dans le bureau avec cette intonation délicieuse que le rouquin attendait :
━ B-Bonjour, monsieur. J’ignorais si je devais vous retrouver quelque part alors, dans le doute, je préfère me présenter directement dans votre bureau. J’espère que je ne vous dérange pas ?
Il laissa échapper un petit soupir théâtral et leva à peine les yeux sur l'étudiant livide – décidément, on ne bronzait pas beaucoup à Keros –, réorganisant distraitement ses temps. D'une voix blanche, il justifia cette intervention silencieusement :
━ Comme vous pouvez le voir, je range des dossiers et je trie des plaintes. C'est comme cela qu'on accueille les nouveaux venus dans cette Ambassade. N'est-ce pas charmant ?
Son accent fortement unysien jurait avec les quelques élans galariens de Rohann. C'en était presque comique.
Il prit un tas de classeur triés à la perfection et alla les coincer entre leurs congénères sur une des deux grandes étagères. Lancé dans sa complainte, il ne s'arrêta pas en si bon chemin et continua avec un malin plaisir :
━ J'ai hérité du bureau, mais aussi de cette corvée. Sympathique, non ? Oh, je vous aurais bien engagé pour poursuivre cette tâche avec moi, mais nous allons peut-être éviter de commencer en si bon termes. Après tout, nous n'avons pas gardé les Gruikui ensemble, non ? Il ne souriait pas, débitait ces paroles avec le virtuosité d'un acteur dramatique. Enfin, après avoir fait quelques allers-retours silencieux entre le secréataire et les étagères, les bras chargés de paperasse, il désigna sur le plan de travail un feuillet à l'écart du reste. Ici. C'est un dossier pour vous. Une fiche de renseignement que vous me donnerez en main propre demain après-midi – je compte sur vous –, et un programme de ce que nous allons faire ensemble jusqu'à fin janvier. Je vous demanderai évidemment d'avoir le matériel nécessaire à disposition pour chacune des activités qui figurent sur ce calendrier. Si ce n'est pas le cas, sachez que je n'hésiterai pas à le faire remonter au responsable de votre promotion.
Saoirse l'encouragea à prendre le feuillet, et revêtit finalement son manteau avant de le rejoindre, se postant devant lui et lui tendant une main ferme en plongeant son regard couleur miel dans le sien. Il le dépassait d'une bonne tête, la différence d'âge se lisait dans leurs assurances et sur leurs visages.
Le rouquin esquissa un petit sourire froid, paradoxalement inexpressif, et reprit la parole sur un ton plus doux mais pas moins énigmatique :
━ Monsieur Olsen. Le directeur est passé assez vite sur les présentations la dernière fois. M'est avis qu'il était plus préoccupé par votre accent. La guerre, vous savez. Ça laisse des traces. Il parlait franchement. Il avait toujours parlé franchement. Pas ou peu de filtre. Inutile. Étonnemment il est moins dérangé par le mien. Je viens d'Unys ; enchanté de vous rencontrer, Rohann. J'espère que nous passerons une bonne année ensemble, même si je ne vous promet pas d'être le formateur le plus agréable ou le plus flexible. C'est ma première année, alors il faut que je fasse mes preuves… Vous comprenez sans doute.
avatar
Invité
Invité
Sam 28 Nov - 15:40   
And then I met you
Une multitude d’émotions et de sensations s’abattent sur Rohann à l’instant même où il ouvre la porte. Tout d’abord, une gêne terrible, oppressante, et la sensation d’être déjà de trop dans ce bureau. Il n’a pas toujours été comme ça - fut un temps où il se présentait face à n’importe qui sans en ressentir la moindre gêne, que ce soit auprès d’un enfant ou d’un adulte. Dans ses jeunes années, Rohann semblait n’avoir peur de rien ni personne. Cette insoucience de la jeunesse faisait fi de tout ce qui aurait pu être gênant, malvenu, voire même formellement interdit. Désormais, mille et une questions virevoltaient dans son esprit : dérange-t-il son formateur ? est-il à l’heure ? ou bien en retard ? aurait-il du attendre son accord avant d’entrer ? a-t-il bien fait de le rejoindre dans son bureau ? lui paraît-il impoli, agaçant ? Une boule se forme dans sa gorge et malgré ses nombreuses déglutitions, elle ne semble pas vouloir partir. Et le soupir qui échappe à monsieur Olsen ne l’aide pas à se détendre. Sans un bonjour, le voilà qui se justifie en se plaignant de l’activité visiblement ingrate qui lui a été confié. Les yeux ambrés de Rohann courent d’ailleurs sur les fameuses piles de papiers éparpillées sur le bureau de son formateur. La paperasse … exactement ce qu’il redoute le plus dans son futur métier. Gérer tout cet ennuyant côté administratif, qui se refuse à lire les dossiers et les classer de n’importe quelle façon tant que cela paraît logique. Rien que d’y penser, un sérieux ennuie s’abat sur les épaules de Rohann. Il espère d’ailleurs qu’il ne s’agit pas là du programme de l’après-midi, au lieu de quoi il risque sincèrement de piquer du nez. Des fourmis s’agitent dans ses jambes impatientes : il a besoin de sortir, de se défouler, d’arpenter un peu les alentours de l’ambassade. Ne serait-ce que pour une petite demi-heure, histoire qu’il dépense un peu cette énergie jeune et impatiente qui n’attend qu’à être mis à l’oeuvre.

En tout cas, l’accent très unysien du rouquin ne semble en aucun cas dérangé Rohann - mieux encore, il lui apporte un certain réconfort. Il a passé quelques années de sa vie à Unys, presque autant qu’à Galar. Il s’est beaucoup laissé influencer par sa culture, comme le prouve les piercings perçant ses oreilles et son goût prononcé pour le rock’n’roll. Entendre Saoirse parler - même si c’est pour se plaindre du bureau que l’ambassade a eu l’extrême amabilité de fournir avec la paperasse - c’est comme revenir un peu dans sa deuxième maison. Pour autant, il essaie de ne pas laisser son esprit trop divagué, même si le monologue de son formateur ne concerne en rien la raison de sa présence ici. Pendant un instant, il se demande même s’il ne devrait pas lui porter main-forte dans son entreprise, mais avant qu’il n’esquisse le moindre geste, le rouquin lui désigne un dossier, à l’écart du reste, reposant sur le plan de travail. Le galarien se hâte de s’en saisir, feuilletant rapidement les différents volets pour en apprendre le contenu. Une fiche de renseignement et le programme entier jusque Janvier. Voilà qui étonne Rohann autant que ça le satisfait. Venant d’un formateur si jeune, il s’attendait à quelque chose de plus … décousu. Des cours prévus au jour le jour, où tout se décidera au dernier moment. Au lieu de ça, Rohann découvre un calendrier précis et toutes les activités associées. Il y trouve même une liste du matériel à apporter à chaque leçon. Le dossier serait presque trop organisé s’il n’était pas entre les mains de quelqu’un qui considère la planification comme une seconde religion. Avec un programme aussi préci, il se dispense de toutes mauvaises surprises. Il saura à quoi s’attendre chaque jour, et rien ne pourra le prendre au dépourvu. Tout ce qu’il faut pour appréhender ses journées avec beaucoup plus de sérénité.

Son manteau sur les épaules, Saoirse se présente finalement devant Rohann en lui présentant sa main. Son absence de sourire le laisse un instant interdit, mais il finit par lui serrer vivement la main, espérant ainsi lui prouver sa motivation et son engagement. Il ne va pas se dégonfler pour si peu ! Certes, il s’attendait sincèrement à une personnalité moins … froide, mais il n’a pas le choix que de faire avec, de toute façon. Et quand bien même, il s’agit-là de leur premier tête à tête. Il leur faudra peut-être un peu de temps avant que leurs échanges deviennent moins formels. Ou alors rien ne changera du tout … dans tous les cas, il lui faudra s’adapter. Alors autant s’y habituer dès le départ, afin de ne plus se laisser surprendre à l’avenir. Rohann ne saurait vraiment dire s’il est déçu ou rassuré. Evidemment, il apprécie entre sous la tutelle d’un Ranger organisé et propriétaire d’un tel palmarès, mais … il s’attendait à un vent de jeunesse, une approche plus moderne, plus rafraîchissante que tout ce qu’il a connu jusqu’à présent. Au lieu de quoi, Saoirse paraît de la vieille école, pas différent des cinquantenaires travaillants dans les bureaux voisins. Dommage, vraiment dommage … Mais il n’a pas vraiment le choix, n’est-ce pas ? Et puis, sait-on jamais ? Monsieur Olsen pourrait le surprendre. S’il a enfilé son manteau, c’est parce qu’il ne prévoit pas de demeurer plus longtemps dans ce bureau. Où vont-ils se rendre, Rohann l’ignore - le programme fourni par Saoirse ne commence que demain. Or, c’est l’inconnu qui l’attend, pour le moment. 

Je ne vous décevrais pas, monsieur. Vous comme moi, nous voulons faire nos preuves, n’est-ce pas …? Il serait bien malvenu de ma part de me montrer incompétant ou indiscipliné. Mon but est de me former dans le métier de mes rêves et de donner le meilleur de moi-même.

Il regrette instantanément avoir autant parlé, et rougit furieusement. Etait-il vraiment nécessaire de dire tout cela ? Comment paraître prétentieux et lèche-botte en trente secondes montre en main. Embarrassé, il pince les lèvres et baisse un peu les yeux, faisant mine de s’intéresser à la fiche de renseignement qu’il devra compléter le soir-même. Il aurait préféré se terrer dans un trou de Rattata, mais force est de croire qu’il va devoir assumer sa langue trop pendue. Alors pour rapidement dissiper tout malaise, Rohann tente de passer à autre chose :

Qu’allons-nous faire, aujourd’hui ? Il n’y a rien de préciser sur le programme. J’imagine que nous sortons ..?

 
SaoirseOlsen
When you meet someone special, you know.
Your heart will beat more rapidly
and you'll smile for no reason.
avatar
Invité
Invité
Dim 29 Nov - 1:09   

And then I met you

innerlands - ambassade
ft. Rohann
Comprendre… Étaient-ils au moins à même de comprendre par ici ? On ne comprenait plus en 1965. On oubliait, on faisait, on travaillait et on jugeait. Mais la compréhension avait disparu. Et à peine Saoirse avait-il prononcé cette phrase qu'il le regretta. Qu'est-ce que ce gamin pouvait bien avoir à faire de ses petits problèmes ? Après tout, les étudiants ne désiraient qu'une seule et même chose : de bons résultats. Un diplôme et un boulot. Le rouquin connaissait le principe, il était passé par là. Au diable la connaissance. Il n'y avait bien que les notes qui comptaient. Le reste, inutile de trop s'y intéresser. Une perte de temps.
Lui pouvait se venter de s'être montré bien plus assidu que la plupart des élèves. À l'école déjà, il faisait partie des meilleurs. Il n'y avait aucun doute à cela. Ses brillants bulletins lui avaient d'ailleurs de nombreuses fois valu les regards jaloux de ses camarades, et il n'avait jamais éprouvé la moindre hésitation à foncer dans le tas : pas contents ? Ils n'avaient qu'à travailler. La vie, c'était du travail. Sans travail, on ne réalisait jamais ses rêves. On tombait dans le néant.

Et cette leçon qu'il avait tant de fois dispersée autour de lui, il en faisait aujourd'hui les frais. La rage d'avoir été destitué de son emploi le faisait grincer des dents, mais il finissait tout de mêmepar admettre que cette décision de la part de son supérieur avait été tout à fait légitime. Qu'aurait-il fait à sa place ? Sans doute la même chose. Inutile de garder un élément, aussi excellent fut-il, s'il ne donnait plus le meilleur de lui-même.
Du bon sens. Cruel. Mais du bon sens quand même.

Et Saoirse, dans tout sa magnanimité – inexistante en cet instant précis, comprenons-le bien –, ne s'en laisserait pas compter non plus. Il fixerait des règles strictes, qui, si elles étaient ignorées, auraient des conséquences assez désastreuses sur les résultats de son élève. Le mécanisme était simple : s'il faisait de son mieux, il le récompenserait en conséquence. Dans le cas contraire, il n'aurait aucune hésitation à le sanctionner. On l'avait bien fait pour lui. Ce n'était donc certainement pas lui qui allait changer les choses. Bien au contraire : le sentiment d'injustice illégitime qui l'animait l'encourageait dans cette voie.
Aussi eut-il un petit sourire sarcastique à la tirade de son cher élève. Qu'essayait-il donc de faire ? De l'attendrir ? Ah, ce n'était pas aussi simple. Il éluda donc la dernière partie de son discours et n'en conserva que la plus intéressante, la répétant sur un ton plutôt moralisateur :

━ Ce serait tout à fait malvenu, oui. Rappelez-vous d'une chose : nous ne sommes pas ici pour notre bon plaisir, mais simplement pour votre avenir. C'est vous qui le tenez entre vos mains. À vous de voir comment vous vous y prenez. Une chose est sûre : rien ne se fait tout seul.

Un sourire crispé ponctua cette petite leçon. Il chercha finalement son sac, parcourant le placard à balai – aussi appelé bureau – du regard, avant de le découvrir négligemment posé sur son siège. Il soupira à nouveau et alla rapidement le prendre, le jetant sur son épaule.
Rohann, qui lui paraissait plus crispé que jamais, était rapidement passé à autre chose pour mettre fin au lourd silence qui était retombé entre eux. Pour autant, Saoirse ne vit pas ses questions pressantes d'un bon œil : tout préoccupé qu'il était par sa propre situation, ce premier jour de travail, ce nouveau métier de formateur auquel il ne trouvait que très peu d'intérêt, il darda un regard tout à fait désagréable sur le visage fin et clair du Galarien :

━ Eh bien. S'il n'y a rien sur le programme, ce n'est pas un hasard. Nous n'allons spécifiquement rien commencer aujourd'hui, si ce n'est faire connaissance et visiter un peu le domaine ensemble. Il marqua une pause en ouvrant la porte. Vous préférez peut-être faire trois tours de terrain comme le préconisent mes collègues ? Hmm, non, je ne pense pas. Je trouve cela vraiment inutile, si vous voulez mon avis. J'aurai tout le temps d'évaluer vos capacités dans la semaine.

En sortant, il manqua d'écraser la queue du Flamiaou de son élève. Son visage froid, inexpressif, s'illumina d'un éclair de surprise et semble un instant se détendre. Le miaulement adorable du Pokémon lui décrocha un coup d'œil tendre et affectueux, et il se pencha un peu pour flatter son beau pelage ébène zébré de rouge :

━ Votre Pokémon, je présume ? Il a un nom ?

Le Flamiaou, ravi de ces douces caresses en guise de salutation, ne tarda pas à se laisser tenter par quelques rapprochements plus poussés. Il vint se frotter aux jambes du jeune homme qui sourit franchement, et se mit à lui parler comme à une véritable personne, peut-être même avec plus de déférence et de douceur :

━ J'ai rarement vu des Pokémon comme toi ! Tu es vraiment magnifique. Je pense que tu ne vas trop bien t'entendre avec ma Tara. En plus, elle est un peu bagarreuse. Le félin le dévisagea avec un air interrogateur qui lui décrocha un petit rire amusé. Il chercha donc dans son sac pour en sortir une pokéball toute brillante, avec un délicat reflet rosé. En remontant le bouton, l'objet s'ouvrit et libéra sa Miaouss de Galar qui s'étira comme si de rien n'était. Tara, regarde. Je t'ai trouvé un ami. Surtout, pas de bagarre. Sinon un de vous deux devra rentrer dans sa pokéball. Ce serait dommage, n'est-ce pas ?

Les yeux jaune de la minette se posèrent un instant sur son dresseur, puis sur son semblable qui, comme attendu, ne paraissait pas franchement ravi de cette rencontre.
Le rouquin rit de bon cœur et s'avança finalement dans le couloir, laissant leurs deux pokémon régler leurs différends entre eux, sans plus interférer.
Ce ne fut qu'alors qu'il se décida à porter de nouveau attention au jeune galarien, lui servant un regard perçant qui, en très peu de temps, l'eut déjà détaillé de la tête aux pieds :
━ Je vais vous faire visiter le gymnase, à l'autre bout de l'ambassade. Il est très bien équipé, vous allez voir. Le ton qu'il employait était déjà un peu moins froid. Mais les mots avaient toujours cette sensation de tranchant, digne d'une lame de couteau fraîchement aiguisée.  Je ne sais pas si vous avez eu le temps de le lire – je suis désolé, je vous ai sans doute un peu dérangé –, mais demain, je vous y ferai courir. Ce sera plus agréable qu'un jogging au grand froid en début d'après-midi. Vous viendrez donc en tenue de sport, et je vous conseille aussi d'enlever vos anneaux. S'il n'y en avait qu'un, cela passerait encore. Mais les vôtres pourront être gênants pour les exercices que je vous proposerai.
À ces mots, il se tut et continua de marcher jusqu'au hall principal du bâtiment administratif. Dans le silence studieux du bâtiment, son estomac vide grommela bruyamment. Il l'ignora proprement, préférant ne pas se mettre dans l'embarras dès le premier jour. Aussi se hâta-t-il de rejoindre l'extérieur, poussant les grandes et lourdes portes qu'il tint au jeune homme pour qu'il puisse passer en premier. D'un regard curieux, il examina de nouveau les anneaux qui cerclaient les lobes de ses oreilles. Ce n'était pas si laid, en soi. Mais ramper, monter avec ce genre de breloque pourrait s'avérer risqué.
Derrière eux suivaient toujours les deux minettes, qui se tenaient néanmoins loin l'une de l'autre.

Une fois à l'extérieur, il parut franchement se détendre. Il s'arrêta sur le pavé de la petite cours et se tourna franchement vers le Galarien, muet, pour reprendre plus calmement la parole. Il sentait comme une tension entre eux, et il était sans doute temps de la dissiper. Inutile de se faire passer pour plus méchant qu'il n'était. Il posait juste les bases. C'était essentiel… Mais, d'un autre côté, il ne voulait pas alarmer ce garçon qui, de toute façon, n'avait rien demandé.
Ce n'était pas le genre de Saoirse de faire du mal pour faire du mal. Il était plus mesuré que ça ; la preuve en était son refus catégorique de le faire courir dans le temps glacial, pluvieux de cette terrible après-midi d'hiver :

━ Vous savez, je dois vous paraître un peu dur ou un tantinet vieux-jeu. Mais ce ne sont que des apparences. Gardez simplement en tête que je ne suis pas encore habitué à ce poste de professeur. Cela viendra sans doute. D'ici là, soyez patient, je ferai de mon mieux. Il lui sourit cette fois-ci assez sincèrement et passa finalement aux choses sérieuses. Que diriez-vous de visiter les alentours en discutant un peu ? J'imagine que ce sera plus agréable pour vous de me connaître autrement que comme le "terrible Monsieur Olsen". Après tout, nous serons amenés à nous voir tous les jours, et peut-être même à passer des week-end ensemble.
avatar
Invité
Invité
Dim 29 Nov - 18:28   
And then I met you
Une honte mordante accable Rohann tandis qu’il examine les documents rédigés à la machine à écrire. L’horrible impression d’avoir encore joué au petit fayot avec son formateur le plonge dans un état d’embarras si profond qu’il n’ose même plus lever les yeux vers monsieur Olsen. Il préfère plutôt admirer tous les petits défauts de l’impression, comme les barres des t légèrement de biais ou les cédilles un peu décalées du centre du c. Ca ne tient que du détail et cela ne dérange absolument pas la lecture, mais à force de les regarder, nous finissons bien par les remarquer. Et quitte à choisir, il préfère cela au regard dur de son formateur. Son ton moralisateur ne fait que le rendre plus misérable encore, si bien qu’il aimerait fuir de ce bureau en quatrième vitesse. Pour autant, Rohann se contente d’encaisser, acceptant que cela fasse parti de sa formation. Il n’aura pas toujours des interlocuteurs doux et bienveillants, il doit donc s’habituer à avoir à faire à des personnalités un peu plus dures, sarcastiques, parfois même parfaitement grossières. Pas que ce soit le cas de son formateur, mais il faut s’attendre à tout lorsque l’on exerce un travail aussi social. Si Rohann n’a rencontré jusqu’à maintenant que des personnes relativement sympathiques, il ne doit pas s’attendre à ce que cela dure éternellement. Il a déjà entendu quelques histoires de Rangers très mal accueillis par des personnes critiquant leur utilité ou leur rapidité. Pour le garçon, il est inconcevable de manquer de respect aux personnes dédiant leur vie aux autres, mais il faut croire que tout le monde ne pense pas comme lui - bien loin de là, même. Pour autant, il est prêt à devoir faire avec quelques personnalités désagréables, en espérant cependant que monsieur Olsen ne soit pas de ceux-là.

Un silence gênant s’éternise finalement entre les deux hommes, l’un occupé à relire la même ligne pour la vingtième fois, l’autre à la recherche de son sac. Finalement, Rohann essaie maladroitement de passer à autre chose : néanmoins, sa tentative ne lui offre qu’un énième regard désagréable de la part du rouquin, comme s’il voyait ses questionnements d’un mauvais oeil. Décidément, Rohann semble tout faire de travers. Comment doit-il s’exprimer pour que son formateur fasse preuve d’un peu de chaleur ? Il ne s’attendait pas à ce qu’ils deviennent les meilleurs amis du monde, mais … pas à ce qu’un froid glacial s’installe entre eux. Il se mordille la lèvre en écoutant les mots durs de son formateur. Il préfère d’ailleurs ne pas lui répondre, de peur de dire une nouvelle chose de travers. S’il doit garder son clapet fermé, ainsi soit-il ! Ainsi, Rohann se contente de reculer d’un pas lorsque Saoirse se dirige vers la sortie, manquant par ailleurs de marcher sur la queue de Cynder. Celle-ci se dérobe au dernier moment, retenant un crachat furieux - ses pupilles en disent long, Rohann le comprend d’un seul regard. En avisant le Pokémon à ses pieds, le visage du rouquin s’illumine d’un sourire chaleureux. Rohann retiendra presque un cri de protestation : sa chatte a droit à plus de sympathie que lui ! Si ce n’est pas injuste. Saoirse doit faire parti de ces gens qui préfèrent de loin les Pokémon aux humains - ce que Rohann comprend, parce que c’est son cas également. Mais tout de même…!

Cynder.

Se contente-t-il de répondre aux questions du rouquin concernant la Flamiaou. Inutile d’entrer dans des détails, puisqu’il risquerait encore de s’attirer les foudres de son aîné. Et Cynder, cette traître, qui se frotte à ses mollets…! Il aura tout vu. Elle qui crache après n’importe qui offre à Saoirse une tendresse qu’elle lui réserve en temps normal. Grincheux, un peu jaloux même, Rohann détourne furieusement le regard, tandis que son aîné fouille dans son sac pour en sortir une Pokéball. L’instant d’après, un Miaouss au pelage hirsute apparaît entre lui et Cynder. Rohann en écarquille les yeux : quelle idée ! Sa Flamiaou exècre les Pokémon chats, qu’elle estime être ses principaux rivaux. En apercevant la dénommé Tara, Cynder gonfle le pelage, menaçante. Rohann hésite d’ailleurs à l’attraper avant qu’elle n’ouvre les hostilités. Néanmoins, Saoirse s’avance déjà dans le couloir et l’adolescent préfère le suivre pour ne pas le perdre dans les couloirs. Il entend quelques grognements s’élever dans son dos, mais les deux chattes finissent par leur emboîter le pas, non sans se lancer des regards meurtriers. Dès qu’elles auront l’occasion de se tirer la bourre, aucun doute qu’elles le feront. Mais pour le moment, elles préfèrent suivre leurs dresseurs, comme pour se prouver l’une à l’autre laquelle est la plus fidèle. Mais Rohann ne les surveille déjà plus : il écoute plutôt les recommandations de son formateur, notamment concernant ses piercings. L’idée de les retirer ne lui plaît guère, mais il ferait mieux d’obéir s’il ne veut pas s’attirer les foudres du rouquin. Quant au programme du lendemain … il doit bien avouer qu’il l’appréhende un peu. Sa condition physique est sévèrement réduite par son asthme, et la seule idée de faire une crise devant Saoirse lui met la boule au ventre. Heureusement, il sera en intérieur, où l’air sera plus agréable. S’il avait eu à courir dehors dans le froid hivernal … Rohann préfère ne pas y penser.

Le petit groupe traverse les couloirs dans un silence religieux. L’adolescent se contente de suivre son formateur sans vraiment regarder autour de lui, comme s’il craignait de le perdre des yeux. Finalement, ils arrivent vers une double-porte que Saoirse ouvre en grand, la retenant même pour permettre à Rohann de passer. Le froid de l’hiver assaille aussitôt l’apprenti, qui frissonne. Il aurait peut-être dû prévoir des vêtements plus chauds que ça … mais tant pis, il fera avec. De toute façon, il va bien se réchauffer en marchant. Et de toute façon, le gymnase n’est pas si loin que cela si ses souvenirs sont bons. Lorsque Saoirse s’immobilise soudain, Rohann manque de lui rentrer dedans : heureusement, il s’arrête juste à temps et ose finalement lui lancer un petit regard. Le visage du formateur lui paraît déjà un peu plus détendu, comme si l’extérieur l’apaisait. Finalement, monsieur Olsen casse un peu la glace : il justifie son comportement par la nouveauté de son poste, et lui adresse même un sourire chaleureux. Rohann lui offre un léger rictus en réponse, encore quelque peu gêné par la situation, mais malgré tout rassuré de voir que tout n’est finalement qu’une question de temps, et d’habitude à prendre. Saoirse lui propose même de discuter tout en visitant les alentours, ce que le garçon ne peut qu’accepter avec un grand sourire. Ils reprennent alors la route, toujours suivi par les deux chattes qui n’ont pas cessé de s’adresser des oeillades meurtrières.

Je comprends votre sentiment. Arriver dans un nouveau pays, rencontrer de nouvelles personnes, débuter quelque chose de nouveau … c’est assez déstabilisant. Surtout lorsque l’on vient d’Unys, où tout semble avoir trois longueurs d’avance.

Le regard de Rohann se perd sur les branches d’un arbre, nus de toutes feuilles. Ces dernières sont amassées à ses pieds en un tas difforme, dans lequel Cynder se hâte de plonger. Du bout de ses pattes, elle envoie voler les feuilles brunes et ocres, qui virevoltent avant de retomber sur les pavés. Lorsque Tara s’approche, visiblement pressée de s’amuser également, la Flamiaou feule, mécontente à l’idée de partager son terrain de jeu avec sa camarade féline. Rohann se contente de pousser un petit sifflement, rappelant ainsi la chatte à ses pieds, bien qu’elle ne semble pas vraiment ravie d’avoir été ainsi rappelée à l’ordre sous les yeux de Tara. Pour autant, Rohann ignore ses humeurs et continue plutôt son petit récit :

J’ai fait toute ma formation théorique à Unys. L’ambiance y était vraiment différente. Il est peut-être trop tôt pour dire que je la préfère à l’actuelle mais … j’ai l’impression que la mentalité a régressé. E-Enfin, je vous dis ça, mais j’imagine que vous avez déjà lu mon dossier ..!

Rohann dégluti un peu, mais il se sent déjà un peu plus rassuré après les mots de Saoirse. Autant délier un peu sa langue, non ? C’est la meilleure façon de faire connaissance. Dans le pire des cas, il se fera réprimander et ils partiront sur autre chose. De toute façon, il lui semble déjà apercevoir le toit du gymnase derrière une rangée d’arbres. D’ici quelques minutes, ils y seront déjà - et dès demain, Rohann devra y faire ses preuves. 

 
SaoirseOlsen
When you meet someone special, you know.
Your heart will beat more rapidly
and you'll smile for no reason.
avatar
Invité
Invité
Lun 30 Nov - 1:16   

And then I met you

innerlands - ambassade
ft. Rohann
Les week-ends avec son apprenti, c'était un petit pied de nez à la profession, évidemment. Rien ni personne n'imposerait jamais cela à ses employés mais Saoirse pensait que s'il s'entendait bien avec Rohann, cela ne vaudrait sans doute pas le coup de s'en priver. Une façon de montrer son implication dans son poste, et de ne le quitter qu'avec plus de superbe lorsque le temps serait venu. C'était encore en discussion, mais l'administration songeait à intervertir formateurs et étudiants au milieu de l'année. La décision serait prise sous peu, et règlerait sans doute le départ du rouquin. Il s'organiserait en conséquence : hors de question de planter un élève en cours d'année ; ce serait déloyal et profondément égoïste. Si Saoirse n'était pas le garçon le plus dévoué que le monde eut connu, il était bien loin d'être aussi lâche. Il se situait même plutôt parmi la petite tranche de population bienveillante. Râleur, un peu froid, sans doute un poil orgueilleux, mais gentil et serviable. Il le fallait bien pour réussir dans ce métier.

Bref. Si tout se passait comme il le voulait, il proposerait à Rohann de l'accompagner sur un week-end pour explorer un lieu emblématique de Keros ou simplement faire une petite randonnée dans les montagnes. Un excellent moyen de socialiser et tisser des liens forts qui les aideraient à mieux communiquer par la suite.
Pour l'instant, cette perspective le laissait de marbre : il attendait de voir, n'était pas contre non plus. Il pensait qu'il aurait pu tomber sur pire : ce garçon-là avait l'air d'avoir la tête sur les épaules, quoi qu'un peu trop formel et coincé à son goût. Du genre intellectuel, renfermé sur lui-même. Encore étudiant, l'unysien s'était souvent interrogé sur ces élèves solitaires, qui ne parlaient jamais à personne et traçaient leur chemin en silence. C'était des comportements qui l'intriguaient beaucoup, sans qu'il ne puisse jamais vraiment se l'expliquer. Aujourd'hui, néanmoins, il comprenait que ces personnalités taciturnes et secrètes ne s'exacerbaient jamais gratuitement. Lui-même, dans cette situation qui l'opprimait et drainait toute sa réjouissance, préférait s'isoler de la masse et faire son petite bonhomme de chemin, n'attendant rien de personne. Son étudiant serait sans doute le seul qu'il supporterait dans son métier les premiers temps, et c'était déjà bien suffisant. Il prenait conscience de la patience dont il devrait faire preuve, et cette idée ne faisait que plus le décourager. Bien heureusement, il ne faisait pas partie de ces hommes que l'action appelait de façon permanente. Il savait se poser, prendre son temps, être à l'écoute. Au fond, avec un peu d'entraînement, il était quasiment certain de devenir un bon professeur : le problème n'était pas là. Il se situait plutôt dans son désamour pour le poste. À quoi bon enseigner toujours la même chose ? N'était-ce pas à mourir d'ennui ? Il aurait bien vite l'impression de retrouver ses cours de fin d'étude… Une torture.
Mais il devrait faire avec, encore pour quelques temps. Ce n'était pas comme s'il avait le choix : l'argent ne tombait jamais du ciel.

Le sourire un peu plus détendu du garçon finit par le rassurer. Un instant, il avait cru l'avoir définitivement braqué. Bien sûr, il n'y était pas allé de main morte. La déception, les dossiers à trier… Tout un monde de chose qui avaient tôt fait de gâcher sa journée, laissant dans sa gorge une boule de nerf et de colère qu'il avait décidément bien de mal à avaler. Heureusement, le grande air, le froid qui s'immisçait à chaque goulée d'air dans ses poumons et les gonflait régulièrement, réussirent à l'apaiser. Il se détendit petit à petit, en progressant le long des sentiers qui sillonnaient le parc, jusqu'au grand gymnase, qui se profilait déjà au bout du chemin.

Les mots de Rohann l'intriguèrent : il parlait d'Unys comme s'il y avait déjà vécu. Était-ce le cas…? Saoirse n'avait pas encore eu le temps de s'intéresser à son dossier. Submergé par ses propres paperasses à remplir et compléter pour l'ambassade ou autres organismes kerosiens, il s'était promis de consulter le pedigree de son étudiant dans la soirée.
Une point de culpabilité le serra à la gorge ; il ressentait bien là toute son illégitimité.
S'il réfléchit un instant à une réponse intéressante pour ce début de conversation, il abandonna vite l'idée d'en trouver une en entendant leurs deux pokémon qui se tiraient bruyamment la bourre derrière eux. Un petit soupir courroucé franchit la barrière de ses lèvres alors qu'il se retourna pour adresser un regard incendiaire à sa Miouss qui lui fit un immense sourire dentelé en guise de parade. Il secoua la tête pour lui signifier son désarroi et roula un peu des yeux, se raccrochant bien vite au flot de parole libéré du jeune homme qui marchait désormais à sa hauteur.
Voilà qu'il répondait aimablement à la question qu'il s'était posé un peu plus tôt. Parfait. Peut-être pourrait-il faire semblant de connaître sur le bout des doigts son parcours en l'éludant un tant soit peu…? Ou peut-être que non, finalement. En quelques secondes à peine, il avait brisé ses faibles espérances.
Un petit sourire désolé étira ses lèvres et Saoirse rentra son visage dans le col chaud et rembourré de son manteau, quelque peu embarrassé. Il ne prit pas pour autant beaucoup de temps pour répondre et joua franc-jeu, pendant qu'il était sans doute inutile de prétendre avoir tout lu s'il venait à être de nouveau interrogé sur le sujet : passer pour un idiot et un menteur n'était certainement pas au programme :

━ Eh bien… Non. Je n'en ai pas encore eu le temps, figurez-vous. Et je n'ai sans doute aucune excuse, si ce n'est quelques affaires personnelles que je garderai pour moi si cela ne vous dérange pas. Mais de toute façon, vous avez raison. Unys est une région extraordinaire, remarquablement développée. Keros est une bien pâle copie à côté. Vous avez eu beaucoup de chance de faire vos études là-bas, et moi d'y être né.

Oui, Unys était un cadeau du ciel. Certes, comme toute nation, elle avait ses défauts. Mais elle était en avance sur ses voisines, c'était incontestable. Tant sur les droits civiques que sur les mœurs ou la politique. Tout n'était pas rose, mais rien n'était froncièrement mauvais. C'était tout un monde en demi teinte et surtout en couleurs vives, rafraîchissantes, qui contrastaient avec le grisonnant morose de Keros.
Saoirse soupira un peu, transporté par une vague de mélancolie nostalgique. Il roula un peu des épaules, ralentit le pas en s'engageant sur une allée bordée d'immenses platanes qui laissaient tomber leurs feuilles en de gros tas épars où, chacune son tour, leurs minettes aimaient s'enfouir. Tara revint finalement à sa hauteur et ne tarda pas à réclamer ses bras qu'il lui offrit sans protester avant de reprendre la parole. Un détail de ce fameux dossier l'intriguait et avait même l'art de l'inquiéter. Le Directeur lui en avait vaguement parlé comme d'une mauvaise blague lors de leur première rencontre, mais le rouquin voulait désormais en savoir plus sur la maladie pulmonaire de son camarade. Sans être paranoïaque, il lui semblait primordial d'aborder le sujet avec le principal intéressé :

━ En parlant de votre dossier… Le Directeur m'a averti l'autre jour de votre problème de santé. Je suis vraiment navré de l'aborder comme ça, mais j'ai besoin d'en savoir plus, si vous le voulez bien. Ce sont de simples crises d'asthmes lorsque l'effort produit est trop exigent ? Vous avez des recommandations, un traitement ? Il glissa un petit regard presque pudique sur le visage pâle du garçon avant de continuer. Si vous devez prendre ou faire quelque chose pendant vos crises, j'aimerais beaucoup que vous me confiez une partie de vos médicaments… Je sais que la demande peut paraître un peu spéciale, mais comme nous serons amenés à beaucoup nous voir, je pense que c'est plus sûr de cette façon.

À ces mots, ils arrivèrent aux abords du gymnase. Saoirse s'arrêta un moment pour chercher son trousseau de clés professionnelles. Il reosa Tara au sol, qui toisa de nouveau Cynder d'un œil mauvais. Perdu dans cet amas de clés aux formes diverses, il se mit à en tester plusieurs d'entre elle, se cloîtrant dans un silence pressant et gêné, avant de se rendre compte que la porte était déjà ouverte. Le rouge gagna un instant ses joues et il la poussa en grand pour inviter Rohann à entrer.
Il lui emboita le pas, accueilli par l'odeur rance et vieille de la pièce, et posa son sac contre le mur de l'entrée.
Le chauffage de la salle était assez agréable et lui permit d'enlever son manteau.
Il ordonna à Tara de se tenir tranquille et parcourut tout le matériel déjà présent dans le gymnase d'un œil plus qu'intéressé :

━ J'imagine que vous aimez tout de même le sport. Une discipline favorite ? Pour ma part, je suis un grand amateur de randonnée ou d'escalade. Si cela vous convient, je vous en ferai pratiquer régulièrement : c'est idéal pour renforcer l'endurance, le cardio, mais surtout le travail d'équipe. À deux comme à plusieurs… Mais en duo pour commencer, c'est déjà très bien.

avatar
Invité
Invité
Mar 1 Déc - 17:19   
And then I met you
Si Rohann a de quoi être fier de son dossier, il y a pourtant au milieu de ces documents glorieux un certificat qu’il aimerait voir disparaître de la surface de la terre. Lors de son inscription à l’école des Rangers, il y a de cela trois ans maintenant, l’adolescent a sincèrement espéré que l’on ne cherche pas à explorer du côté de sa santé. Ou alors, qu’on lui demande seulement de renseigner quelques petits traumatismes physiques, s’il y a eu. Mais au lieu de ça, c’est une visite médicale complète à laquelle il a dû se prêter. Pendant une durée interminable, un médecin l’a étudié sous tous les angles, de ses mesures à son rythme cardiaque, en passant par ses réflexes. Là encore, Rohann a espéré éviter le pire … jusqu’à ce que le médecin lui demande de courir. Au début, tout allait bien. L’adolescent a toujours su gérer son souffle afin de ne pas manquer d’air au bout de quelques minutes. Et d’ailleurs, si le résultat avait eu à se baser sur sa performance, tout serait passé comme une lettre à la poste. Mais bien évidemment, le médecin a eu accès à son dossier médical complet, et notamment le compte-rendu d’un professionnel d’Unys l’ayant diagnostiqué asthmatique. Impossible de s’en sortir avec quelque pirouette que ce soit, et il a forcément dû donner des détails au médecin. Lorsque ce dernier a mis fin au rendez-vous, Rohann ne nourrissait plus aucun espoir. Avec une maladie pareille, il était impossible qu’on l’autorise à s’engager dans un tel métier. Et pourtant, quelques jours plus tard, il a obtenu sa lettre d’admission. Miracle ou faute professionnelle, difficile à dire : mais Rohann s’en fichait bien. Parce qu’il pouvait, malgré tout, intégrer le cursus dont il rêvait.

C’est pourquoi ce fameux dossier scolaire est autant une bénédiction qu’une malédiction. Si jusqu’à maintenant aucun professeur n’a fait le moindre favoritisme à son égard, c’est parce qu’il se fondait parmi une masse d’élèves. Mais avec un formateur attitré, c’est une autre histoire. Saoirse ne va s’occuper que de lui, il pourra donc se rappeler du moindre détail le concernant. De ce fait, en mentionnant son fameux dossier, Rohann lui lance une petite oeillade inquiète. Impossible de passer à côté de ce détail, même en se contentant de survoler les différents documents le composant. Mais à sa grande surprise, Saoirse avoue ne pas avoir eu le temps de le consulter, pour des raisons personnelles desquelles il préfère ne pas discuter. Ce que Rohann comprend - et puis, il faut bien l’avouer, ça l’arrange bien. Ce n’est que repousser l’échéance, certes, mais chaque jour gagné lui permet de demeurer égal aux autres aux yeux de son formateur. Il préfère, en effet, converser encore un peu sur Unys, si familière pour l’un comme pour l’autre. Autant Rohann n’a fait que y vivre, contrairement à Saoirse qui y est né et y a grandi. Le choc des cultures doit être impressionnant, pour lui. L’écart entre Unys et Keros est comparable à un petit village de campagne et une mégalopole surdéveloppée. Dans le cas de Rohann, la transition a été moins marquante : il a été habitué, lors de ses nombreux voyages, de passer d’une culture à l’autre du jour au lendemain. Et puis, malgré la guerre qui les a déchirés, il reste un peu de Galar dans Keros - que ses habitants veuillent bien l’admettre ou non. En tout cas, pour un natif de Kickenham, les ressemblances sont frappantes. A croire que les deux territoires ne sont jamais vraiment débarrassés l’un de l’autre.

Un petit silence s’installe entre les deux hommes tandis qu’ils remontent l’allée bordées de platanes. Lassée de jouer dans les feuilles, Tara vient réclamer les bras de son dresseur, qui les lui offre sans hésiter. Rohann lance alors un petit regard vers Cynder, mais cette dernière préfère trotter à ses côtés, la queue bien haute, fière. Décidément, elle ne changera jamais ! Toujours à faire sa grande dame, alors qu’elle n’est qu’un cœur de guimauve. Le gymnase apparaît bientôt devant eux, et Rohann est tenté d’accélérer le pas, histoire de se mettre rapidement à l’abri. Quelle idée d’être sorti avec un manteau si fin. Ce n’était pas comme si une épaisse doudoune l’attendait gentiment, pendue dans son placard. 

Les espoirs de Rohann partent en fumée à l’instant même où Saoirse reprend la parole. Il est déjà au courant. Il n’a pas encore lu son dossier et pourtant, il est déjà au courant. Le directeur a vendu la mèche. L’adolescent sent aussitôt une fureur sourde battre dans ses tempes. De quel droit s’est-il mêlé de ses affaires ? Ne pouvait-il pas le laisser gérer ce côté très personnel de sa vie ? En répondant lui-même à ses propres questions mentales, la colère de Rohann s’évapore aussitôt pour laisser place à une profonde lassitude. Bien sûr, qu’il lui en a parlé. Il en va de sa responsabilité de chef d’établissement. Si quelque chose venait à lui arriver, il en serait le principal responsable. Prévenir monsieur Olsen de sa condition est une précaution supplémentaire, afin que le formateur s’assure de la bonne santé de son élève. Mais tout de même…! Rohann aurait préféré ne même pas avoir à en parler. Et puis quoi, lui confier une partie de ces médicaments ? Lui fournir un flacon d’adrénaline et des seringues, à lui injecter directement dans le corps en cas de crise ? Ce serait tellement humiliant que Rohann n’ose même pas y songer davantage. Son coeur battant à tout rompre jusque dans ses tempes, il tente une pirouette, en espérant parvenir à le convaincre :

L-Le directeur a sûrement grossi le trait. Je ne suis pas souffrant, loin de là. Je me porte comme un charme. Et par ailleurs, je n’ai pas refait de crise depuis plusieurs mois. 

Ce qui n’est pas faux. A part quelques épisodes un peu difficiles où il a eu du mal à respirer de façon ponctuelle, il n’a pas refait de grosse crise depuis un bon moment. De mémoire, la dernière remonte à un trek organisé par un ami de son père, dans les Terres Sauvages de Galar. Tout allait pour le nuit jusqu’à ce que le Doudouvet de sa sœur prenne la poudre d’escampette, effrayé par un cri strident au loin. Rohann s’était lancé à sa poursuite malgré son essoufflement et c’est en gravissant une pente à toute vitesse qu’il a senti son souffle l’abandonner. Pendant un court instant - qui lui a paru une éternité - il a vraiment cru qu’il allait mourir. Heureusement, ses parents gardaient toujours le nécessaire sur eux en cas de crise. S’ils l’ont malgré tout emmené à l’hôpital pour se rassurer, la crise était déjà passée et ses voies respiratoires s’étaient dilatées à nouveau. Si Rohann en garde un souvenir assez traumatisant, cet événement lui a permis de se rendre compte de ses propres limites, qu’il a fait en sorte de ne jamais dépasser ensuite, histoire de se préserver. S’il ignore encore à quoi il doit s’attendre lors de ses futures missions, le fait est de constater qu’il n’a jamais failli durant les nombreux stages de sa période théoriques.

S’ils arrivent au gymnase tout de suite après la fin de sa tirade, il ne se considère pas sorti d’affaire pour autant. Saoirse va sûrement creuser davantage le sujet alors, pour échapper à un interrogatoire désagréable, le garçon se contente de se faufiler dans le bâtiment dès que son formateur pousse la porte. Là, il est accueilli par une odeur de renfermé qui lui fait froncer le nez. Ils ne doivent pas aérer le gymnase souvent - pourtant, il en aurait bien besoin. Au moins, il y fait chaud et Rohann sent ses épaules se décontracter en réponse. Mine de rien, le gymnase paraît plutôt bien équipé. Des fournitures classiques jusqu’à quelques machines relativement récentes, à en juger par leur aspect. Le budget alloué à l’académie paraît profitable à ses équipements, et Rohann ne peut qu’être satisfait de cela. Voilà de quoi mener quelques séances de sport intéressantes.

Je suis également très versé randonnée. J’en fait énormément avec mon père, en été. Je suis malheureusement moins doué en escalade et en natation, mais j’ai une bonne endurance.

En règle générale, Rohann préfère garder les deux pieds au sol. Pas qu’il ait le vertige ou quoi que ce soit du genre, mais il se sent plus à l’aise sur le plancher des Ecremeuh. L’escalade n’a jamais été son point fort : l’adolescent a tendance à vite se retrouver bloqué, faute de prises solides sur lesquelles se reposer. Quant à la natation … du moment qu’il n’a plus pied, Rohann perd finalement confiance en son environnement. C’est d’ailleurs pour cela qu’il ne compte pas se spécialiser dans les missions en mer ou autour du littoral. Les plaines, les forêts et les montagnes lui conviennent parfaitement. Heureusement, il peut compter sur un bon cardio, qu’il a appris à développer au fil des années. S’il est plus difficile pour lui de réguler son souffle, il sait reconnaître certains signaux d’alarme et s’arrêter ou ralentir lorsque cela devient nécessaire. Néanmoins, dans son quotidien personnel, il est facile de s’arrêter à la moindre difficulté. Mais qu’en sera-t-il en mission, lorsqu’il devra traquer des heures durant, ou sprinter pour une raison quelconque . Ces questions-là n’ont pas encore fait leurs chemins dans son esprit, par déni sans doute. Pourtant, il est plus que nécessaire qu’il se prépare à des situations semblables, et à la façon qu’il pourra les gérer…

En tout cas, le gymnase est bien équipé. Il y en a pour tous les goûts et tous les domaines. Je dois bien avouer que je ne m’attendais pas à ça.

 
SaoirseOlsen
When you meet someone special, you know.
Your heart will beat more rapidly
and you'll smile for no reason.
avatar
Invité
Invité
Sam 5 Déc - 1:58   

And then I met you

innerlands - ambassade
ft. Rohann
L'escalade, c'était le sport de Saoirse. Il le pratiquait souvent depuis quelques années. Un moyen de se libérer de ses angoisses, de tous les poids qui pouvaient peser sur ses frêles épaules. Car s'il donnait souvent l'impressiond 'aller bien, en râlant simplement pour se faire plaîndre, ce n'était pas tout le temps le cas. Et, par ailleurs, la montagne et les murs l'appelaient depuis qu'il avait mis les pieds à Keros. C'était un chant de Poissirène comme un refrain régulier qui résonnait assez régulièrement à ses oreilles. Oui, il lui faudrait un de ces jours prendre le temps de se vider de son énergie, de se faire du mal, de se faire peur en montant une façade rocheuse abrupte… Il n'en ressortirait que plus serein, apaisé.

Tout avait l'art de le mettre en rogne. Il avait les nerfs à vif, le cœur en bouillie, la gorge serrée en permanence. Communiquer, chose qu'il faisait pourtant jusqu'ici assez naturellement, devenait une véritable épreuve. Il n'en triomphait que difficilement, forçait quelques formules artificielles qui lui donnaient plus la nausée qu'envie de poursuivre la conversation.
Et alors que Rohann lui répondait, liant les phrases avec une étonnante facilité malgré la timidité, le stress qui devaient, en ce moment-même, régir la moindre de ses pensées, il ne tendait à ses paroles qu'une seule oreille distraite, l'autre rivée sur son moi intérieur ; sur ces pulsions de sportif qui semblaient tout à coup se réveiller à la vue de ce grand mur d'escalade qui occupait tout un pan de mur du gymnase. Il dut sans doute s'avancer un peu… Puis s'arrêter, se stopper dans cet élan fugace, qu'il ne pourrait pas mener à terme ce jour-ci.
Il se contenta donc d'acquiescer vainement à la réponse de son élève. Un "oui" silencieux, qui ne voulait rien dire. La marque d'une compréhension toute relative. Il avait cru saisir l'affection du galarien pour la randonnée… Le manque d'expérience en escalade… Et… De la piscine…? Les pensées foutaient le camp en vitesse. Il ne lui restait que des bribes inutiles.
Bref. Pas besoin de répondre à tout cela. Un simple hochement de tête était suffisant, on comprenait.

Si par ailleurs ce sujet de conversation lui sortit bien vite de la tête, le précédent revint sur le tapis par la même occasion. C'était une association de pensée. Randonnée. Randonnée, marche. Marche, effort physique. Effort physique, asthme. Asthme, toux. Toux, problème respiratoire. Respiratoire… Il eut le souffle coupé. Une micro-seconde. Réminiscences…
Il prit note des commentaires du jeune homme. Les approuva d'un signe de tête, de paroles vaporeuses et un peu inutiles. Oui, le gymnase était remarquablement bien équipé, c'était extraordinaire… Oui, ils allaient pouvoir faire tout un tas de chose, tester leurs capacités physique mutuellement… 
Mais désormais, c'était la peur d'attenter à la santé de son élève que Saoirse ressentait au fond de sa poitrine. Et il se souvenait de l'air goguenard du directeur lorsqu'il lui avait parlé de sa maladie… Lui… Lui qui connaissait bien ce genre de situation.
Il n'avait pas envie qu'une fois de plus, tout tourne mal.
Aussi se tourna-t-il vers Rohann et, sans transition réelle, revint sur le sujet de son asthme avec un ton d'apparence ferme, mais paradoxalement fragile :

━ Euh… Pour votre asthme. Sérieux ou pas, je veux avoir vos médicaments dans ma trousse de secours. C'est non négociable, je suis navré. Ses derniers mots se muèrent en un tremblement presque imperceptible, mais qui descendit dans les graves… Ils se perdirent dans le vacarme du chauffage qui soufflait dans le gymnase. On va éviter les catastrophes. Je suis là pour vous amener sain et sauf jusqu'au bout de l'année. Ou du moins, sur une partie. Ensuite, vous ferez ce que vous voudrez, lorsque vous ne serez plus sous ma responsabilité.

Si sa tirade avait d'abord pris un accent autoritaire, elle s'était considérablement essoufflée sur la fin. Adoucie, on aurait pu dire… Il y avait là un certain côté protecteur… Saoirse avait toujours été ainsi, à prendre soin des autres, à ne pas les laisser se débrouiller seuls avec leurs galères. Avec Rohann, il ferait sans doute la même chose. Il le couvrirait au besoin, tant que leurs rapports resteraient cordiaux… Mais pour cela, il devrait être dans la confidence. Mettre fin à une crise de détresse respiratoire, il savait le faire. Mais fallait-il avoir le matériel pour cela.

Le jeune homme laissa échapper un petit soupir et, ne voyant plus la raison de leur présence dans ce bâtiment, il s'apprêta à sortir pour faire visiter à son élève le reste du domaine… Peut-être l'endroit où ils se rejoindraient chaque après-midi…
Ce fut sans compter sur la course-poursuite tonitruante que leur offrir Tara et Cynder, crachant l'une contre l'autre, déchirant l'air à coup de griffes assassines. Un petit rire secoua les épaules du rouquin, qui échangea un tout premier regard complice avec son interlocuteur :

━ Par Arceus…! Elles ne vont pas nous rendre la vie facile, ces deux pestes. Il sourit au garçon et lui fit un petit signe de tête. Je pense… Qu'il faudrait aller voir si elles ne sont pas en train de s'entretuer. Vous me suivez ?

Il n'attendit pas vraiment sa réponse et pressa le pas vers le recoin où les deux chattes avaient disparu. C'était les verstiaires et, au bout d'un couloir, des locaux remplis de matériel et quelques douches plongées dans une profonde pénombre. Il alluma les lumières au fur et à mesure, appelant la Miaouss dans l'espoir (vain) qu'elle l'entende et revienne à lui…
Saoirse s'arrêta devant la porte entrouverte d'un grand bric-à-brac et lança un petit regard désespéré à Rohann :

━ À coup sûr elles sont allées mettre la pagaille là-dedans. C'est ici qu'ils stockent les modules pour les parcours, et tout ce qui prend beaucoup de place. On va littéralement mettre une heure à les retrouver…! Il poussa la porte en un grincement retentissant, et ce fut une immense salle plongée dans le noir le plus total qui les accueillit. Lentement, le rouquin chercha la lumière… Mais ses doigts n'effleurèrent qu'un mur glacé et rugueux, moite d'humidité ambiante. Gé-nial. J'espère que vous n'avez pas peur du noir…?
avatar
Invité
Invité
Dim 6 Déc - 13:54   
And then I met you
Un petit soupir agacé mais discret échappe à Rohann. De toute façon, il n’aura pas le choix que de confier des médicaments à Saoirse. Cela ne l’emballe absolument pas, mais il fera en sorte que son formateur ne s’en serve jamais. Si ça le rassure d’en avoir sur lui, autant lui en laisser. Mais au-delà des cachets, Rohann craint que son formateur ne le gâte d’un traitement de faveur. Hors de question de ne pas être logé à la même enseigne que tout le monde - l’adolescent ne le supporterait pas. Il tient à être traité comme n’importe quel autre apprenti dans cette ambassade, quelque soit son souci de santé. S’il a passé la visite médicale obligatoire, c’est parce que le médecin l’a jugé apte, non ? Alors c’est cet avis qui doit compter, et pas celui du directeur. Qu’est-ce qu’il y connaît, de toute façon ? La maladie est encore assez peu répandue, ou facilement ignorée. Si ses parents n’avaient pas fait appel à un professionnel d’Unys concernant ses crises, sûrement son asthme serait-il encore méconnu. Toujours est-il que tout cela agace profondément l’adolescent. Cette maladie le hante et lui pourrit la vie. Il aurait tant aimé ne souffrir d’aucune affection de ce genre, et pouvoir profiter de la vie comme n’importe quel gamin de son âge. Mais non : il doit faire attention, surveiller son souffle, épargner ses poumons. Certes, Rohann connaît ses limites et parvient à faire comme si de rien n’était, mais ce n’est pas toujours facile à vivre, surtout à son âge.

Ainsi décide-t-il de ne pas revenir sur le sujet. A quoi bon ? Bientôt, Saoirse consultera son dossier et il n’y aura plus aucun secret. D’autant que son inquiétude paraît sincère : il ne veut pas qu’il lui arrive le moindre mal. Alors Rohann rend les armes, et note dans un coin de sa tête de préparer une petite trousse de médicaments pour son formateur. Ainsi, Saoirse sera rassuré, et Rohann saura qu’il pourra compter sur lui en cas de problème. Néanmoins, l’adolescent compte bien lui montrer de quel bois il se chauffe. Dès demain, lorsqu’ils se retrouveront dans ce gymnase, Rohann compte bien lui montrer à quel point il est capable. Sans abuser, évidemment. Le but n’est pas de se crever à la tâche pour prouver quoi que ce soit, surtout si c’est pour en perdre son souffle à la fin. Bien au contraire, Rohann veut lui montrer qu’il sait gérer sa respiration et agir en conséquence. Il ne se laissera plus avoir comme les fois précédentes : surtout pas devant Saoirse. Plus que jamais, l’apprenti devra dompter son asthme et montrer ce qu’il a dans le ventre.

Perdu dans ses pensées, il sursaute violemment lorsque des miaulements hostiles s’élèvent dans le gymnase. L’instant d’après, Cynder et Tara passent devant lui à la vitesse de l’éclair, crachant et feulant l’une contre l’autre. Un profond soupir échappe à Rohann. Avec ces deux-là, ils n’ont pas fini d’en voir de toutes les couleurs. Et tandis que l’adolescent paraît désespéré, Saoirse éclate de rire. La situation ne semble pas l’inquiéter outre mesure, au contraire. Néanmoins, il vaut mieux être prudent et s’assurer qu’elles ne sont pas en train de s’entretuer dans un coin du gymnase. Alors les deux hommes se dirigent vers le recoin des vestiaires. Un long couloir sombre desserre quelques pièces, notamment des douches et des casiers. Saoirse allume les lumières au fur et à mesure, dissipant ainsi les ténèbres et offrant une atmosphère plus agréable. Des miaulements courroucés s’échappent de la pièce tout au fond du couloir, dont la porte est restée entrebâillée. Le rouquin achève de l’ouvrir, faisant grincer les gonds qui paraissent pousser des cris d’agonie. Rohann découvre alors une salle sombre, désordonnée. De toute évidence, il n’y a même pas une ampoule au plafond pour y voir quoi que ce soit. Voilà qui risque d’être une bonne partie de plaisir…

Cynder ? T’es là ? Allez, arrête de faire l’andouille et reviens !

Seul un silence glacial lui répond. Courroucé, Rohann s’engage dans la pièce sombre, trébuchant sur un plot abandonné tout près de l’entrée. Quelle pagaille…! Personne n’a dû prendre le temps de trier tout ça depuis des années. Cynder et Tara sont ainsi gâtées d’un immense terrain de jeu, où il ne sera pas facile de les retrouver. Si la Flamiaou obéit plutôt bien en temps normal, elle oublie toute règle de bienséance lorsqu’il s’agit de mettre une rouste à un autre Pokémon chat. Elle ne les a jamais supporté, et les Miaouss de Galar sont ses ennemis publics numéro un. D’ailleurs, il entend quelques feulements dans la pénombre, puis un autre, plus grave. Comme si les deux chattes s’insultaient à distance. De plus en plus agacé, Rohann accélère l’allure et se retrouve bien vite entouré d’objets qu’il ne parvient même pas à identifier dans la pénombre. Il y a bien une petite fenêtre sur le mur du fond, mais les grands arbres entourant le gymnase camouflent le soleil. Et c’est d’ailleurs en observant cette petite trouée que Rohann réalise quelque chose …

Euh … C’est normal que la fenêtre soit brisée ? Je me demandais pourquoi il faisait si froid ici, mais je comprends mieux. 

Des rires sinistres s’élèvent alors dans le dos de l’adolescent, le figeant sur place. Il pense d’abord à une blague de mauvais goût de la part de Saoirse, mais il pourrait reconnaître ce ricanement entre mille…! Et alors qu’il s’apprête à faire volte-face, une créature violette se jette sur lui, le faisant basculer sur un amoncellement de dossards colorés. Son cri de surprise résonne dans la salle et il n’en faut pas plus pour alerter Cynder, qui arrive au triple galop pour bondir sur l’assaillant de son Dresseur. Néanmoins, les rires se multiplient à travers la remise. 

Ils sont pris en embuscade.

Monsieur Olsen, attention ! Des Grimalin !

 
SaoirseOlsen
When you meet someone special, you know.
Your heart will beat more rapidly
and you'll smile for no reason.
avatar
Invité
Invité
Mer 9 Déc - 13:56   

And then I met you

innerlands - ambassade
ft. Rohann
Par cette question, Saoirse remédiait à sa propre peur. Les endroits sombres, exigus ou désordonnés, ce n'était clairement pas ce qu'il préférait. Il avait même plutôt tendance à s'y sentir enfermé, étouffé. Pourtant, devant son élève, il ne pouvait pas se montrer sous ce jour : ce serait se décrédibiliser dès le premier cours, et il était hors de question qu'il s'abaisse à une telle défaite. Aussi afficha-t-il un petit sourire factice dont lui seul avait le secret, avant de timidement s'engager à l'intérieur. La lenteur de ses pas, son manque d'assurance le trahirent sans doute, mais il ne s'en rendit pas vraiment compte, préférant s'employer à ralentir les battements affolés de son cœur. La peur, Saoirse l'avait sentie de nombreuses fois ; elle l'avait paralysé, accablé, mais il avait toujours réussi à s'en tirer. Alors, ce n'était pas une petite excursion dans ce débarras ténébreux qui allait l'arrêter ; loin de là.
Rohann, néanmoins, eut tôt fait de revenir à sa hauteur et de le dépasser pour s'engager entre les objets. Le rouquin le dévisagea avec un air indéfinissable, entre étonnement et jalousie admirative. Il ne s'attendait pas à une telle audace de la part du Galarien : il était assez surpris, dans le bon sens. Aussi, pour ne pas paraître trop étrange, décida-t-il de l'imiter en empruntant un autre chemin. Il lui glissa seulement quelques indications, sans doute plus pour se rassurer lui-même que par réelle crainte pour son élève :

━ Vous ferez attention, Rohann. Il pourrait y avoir quelques objets contondants par terre. Je ne veux pas que vous vous blessiez. Ce serait problématique.

Il ne s'assura pas de la bonne écoute du garçon. Il avait parlé fort, le Galarien avait forcément pris note de ses recommandations… À présent, il ne leur restait plus qu'une chose à accomplir : retrouver les deux fuyardes, et potentiellement leur passer un bon savon.
Plissant les yeux dans la pénombre, Saoirse se retournait de temps en temps, alerté par un bruit de pas ou de frottement… Et lorsque c'était un feulement diffus qui s'élevait jusqu'au plafond du débarras et se répercutait sur les murs, il accélérait un peu, se dirigeait vers la prétendue origine du bruit, vite déçu par une pêche peu fructueuse.
Il soupira en entendant Rohann appeler sa Flamiaou : bien sûr, il faisait bien d'essayer… Mais c'était peine perdue. Absorbées dans leurs échauffourées, les deux minettes ne reviendraient sans doute pas vers eux volontairement. Il faudrait les dénicher, coûte que coûte. Aussi prit-il le parti de fouiller plus amplement les recoins croulant d'objets, pendant que l'une comme l'autre auraient pu s'y cacher… Mais, alors qu'il mettait sans-dessus dessous ce débarras déjà bien désordonné et que chacun de ses déplacements résonnaient étrangement dans la salle, il pensa que mettre la main sur leurs pokémon ne serait pas une mince affaire.  

Plusieurs fois, le rouquin fut surpris par l'écho d'un rire… S'il se tournait d'abord vers Rohann, devinant son visage sérieux il pensait qu'il avait rêvé. Après une nuit agité, il devait tout simplement être fatigué… Il ne voyait pas d'autre explication. Aussi progressa-t-il sans trop s'inquiéter… Jusqu'à ce qu'il sente quelque chose passer près… Tout près de lui… La pilosité sur ses bras se hérissa désagréablement… Il sentit un frisson d'effroi parcourir son cuir chevelu. Oui… Il le sentait… Quelque chose de tournait pas rond.
D'ailleurs, dans cette grande salle jusqu'alors animée de feulements et d'échos de course-poursuite, tout était retombé dans un profond silence… On sentait une tension, une atmosphère lourde de mystère qui prenait peu à peu contrôle des corps et semblait épaissir les ténèbres…

━ Euh … C’est normal que la fenêtre soit brisée ? Je me demandais pourquoi il faisait si froid ici, mais je comprends mieux.

La voix de Rohann perça le silence. Saoirse le dévisagea incrédule, suspicieux, et suivit son regard vers la petite fenêtre… Un soleil timide jetait par là quelques rayons de soleil obliques, qui révélaient comme par enchantement l'ascension de la poussière… La vitre, qui était censée isoler la salle des tracas extérieurs, était brisée en mille morceaux. Ne restait plus que quelques débris de verre, s'accrochant désespérément aux cadrans.
Le rouquin se figea. Et le temps qu'il mit à comprendre que rien n'était normal, par ici, les rires qu'il avait cru entendre un peu plus tôt se firent plus forts, répandant des nappes glacées dans tous ses membres.
Son souffle se coupa en entendant le cri de terreur de Rohann, et son avertissement finalement étouffé. Il le vit s'effondrer dans un tas de tissus, soumis à la violence d'une ombre fugace.
Ni une ni deux, ne réfléchissant plus, il se rua vers son élève, mais se trouva arrêté dans sa course par un second Grimalin, sorti de nulle part, qui s'accapara de ses jambes et les griffa violemment, lui arrachant une vive exclamation de douleur… Profitant de sa soudaine faiblesse, une autre créature sauta dans son dos, s'agrippa à son manteau, tira sur son écharpe qui lui lacéra la gorge.
Si la panique fut d'abord sa première réaction, surtout en ne voyant plus Rohann dans l'ombre, il eut pour second réflexe d'appeler de sa voix cassée, étouffée par la pression de l'écharpe, sa partenaire de toujours.
La minette était bien heureusement déjà sur le coup. Alertée par le cri de son dresseur, elle avait accouru, et elle n'attendit pas meilleur signe pour passer à l'action. Prenant son élan, elle eut tôt fait de s'accrocher au Grimalin qui labourait le dos de l'unysien et de le tirer au sol. Elle roula dans la poussière avec lui, griffes et crocs dehors, feulant à n'en plus finir. Le lutin maléfique piaillait de mécontentement et manqua à plusieurs reprises de prendre le dessus. Pourtant, ce fut Tara qui eut le dernier mot, lui assénant un Griffe Acier bien senti. La violence du coup sonna l'adversaire, et elle eut le temps d'enchaîner avec Tranche-Nuit… Certes, le Grimalin n'était pas vraiment sensible à ces assauts, mais sa puissance, bien inférieure à celle de la Miaouss, s'évanouit bientôt. Ce fut donc une créature blessée, boiteuse, qui s'enfuit tant bien que mal…
Saoirse profita de cette occasion pour se débarrasser du deuxième monstre en lui infligeant de rudes coups de pied. Il saisit une batte de bois qui traînant sur un tas de fournitures et projeta un violent revers dans sa poitrine, l'envoyant dans un amoncellement de vieilles chaises, plus loin, qui s'effondrèrent sur son corps meurtri :

━ Tara ! Vas t'en occuper et montre lui de quel bois tu te chauffes…! Il faut que je m'assure que Rohann n'a rien !

Sur le qui-vive, sa batte sous le bras, le jeune homme s'empressa de chercher la pokéball de Terence dans son sac. Si le Pokémon de Christie ne l'écoutait pas forcément en combat, dans les moments d'urgence, il agissait seul et mettait facilement en déroute les ennemis. Il ne pourrait donc être que d'une grande aide.
Remontant  rapidement le bouton de l'objet de capture, il libéra le Smogogo de Galar et lui expliqua succinctement la situation. Terence, toujours vif d'esprit, comprit facilement sa mission et le suivit de près dans sa course à travers la salle, à la recherche de Rohann qui avait disparu… 
Un éclat de lumière, produit par une puissante déflagration, finit par attirer leur attention. Ni une ni deux, il se précipitèrent vers le fond du débarras, le cœur battant… Saoirse ne craignait qu'une chose : avoir déjà failli à sa mission.
avatar
Invité
Invité
Mer 9 Déc - 17:30   
And then I met you
La première fois que Rohann a eu à faire à des Grimalin, c’était lors d’une promenade familiale dans la forêt bordant la belle ville de Corrifey. Il s’amusait à courser ses cousins autour des champignons luminescents lorsqu’une horrible créature violette s’est jetée sur lui, visiblement peu ravi que les gamins s’amusent si près de son nid. Heureusement, le Grimalin est parti comme il est venu et Rohann n’a aucunement souffert de cette bousculade, mais depuis il ne porte pas vraiment les Grimalin dans son coeur. A Galar, ils sont connus pour n’être que d’horribles petites pestes toujours prompts à enquiquiner leur monde. Maintes fois les journaux locaux ont fait par d’attaque de ces petites bêtes s’amusant à tourmenter les bonnes gens. Vol, agression, squattage … Ils ont plusieurs méfaits à leur actif, et pas les plus reluisants. Ce n’est donc pas étonnant qu’ils se soient faufilés dans la réserve pour en faire leur tout nouveau territoire. Une pièce sombre, humide et en bazar est un véritable terrain de jeu pour eux. Rohann les imagine grimper sur les monticules de chaises et se chasser les uns les autres en piaillant bruyamment. De véritables pestes, comme ils le prouvent à nouveau ! Si Rohann est parvenu à se défaire de son assaillant avec l’aide de Cynder, il a très vite conscience que ce Grimalin n’est pas seul. Et bientôt, des bruits de lutte résonnent de l’autre côté de la pièce. L’apprenti reconnaît les miaulements furieux de Tara : elle aussi doit être au prise d’un Grimalin agressif.

Un peu hébété après sa chute, le Galarien met quelques minutes à se redresser. Des étoiles dansent devant ses yeux et pendant un instant, il hésite à se rallonger. Mais il est vivement rappelé à la réalité par un Grimalin apparaissant derrière une caisse en bois, prêt à bondir sur le dos de Cynder. Rohann se hâte de la prévenir et la chatte fait volte-face sans attendre, gratifiant son adversaire d’un bout coup de griffes entre les deux yeux. Son cri de douleur résonne dans le débarras et, tandis qu’il s’enfuit, Rohann se croit sorti d’affaire. Mais c’est sans compter sur les Grimalin arrivants de tous les côtés. Bientôt, une dizaine de créatures entourent Rohann et Cynder, prêts à leur fondre dessus à tout instant. Réagissant au quart de tour, l’apprenti se saisit de la première chose qui lui tombe sous la main - une raquette de tennis - et s’apprête à cogner le premier lutin s’approchant trop près de lui. Cynder quant à elle, feule et crache avec hostilité, le poil plus gonflé que jamais. Lorsque le premier Grimalin attaque, Cynder l’intercepte en bondissant, plantant profondément ses crocs dans une oreille pointue. Et alors, tous les lutins attaquent en même temps. Bientôt, la Flamiaou disparaît sous un flot d’ennemis, que Rohann repousse à coups de raquette. Il la secoue dans tous les sens, les frappant de toutes parts, s’assurant de libérer son Pokémon de leur terrible emprise. Néanmoins, les Grimalin reviennent systématiquement, comme ignorant la douleur. La panique vient bientôt prendre Rohann à la gorge.

Après quelques minutes de lutte, les Grimalin prennent conscience du problème que représente l’apprenti Ranger. Ainsi certains d’entre eux commencent à lui grimper le long des jambes, plantant leurs petites griffes dans son pantalon. Rohann se hâte de les chasser en gigotant dans tous les sens, mais la plupart tiennent bon. Ils parviennent ainsi à le faire basculer à nouveau au milieu des dossards, et le garçon a aussitôt le réflexe de rouler sur lui-même pour les chasser. Si certains prennent la poudre d’escampette, un dernier bien plus têtu refuse de le lâcher. Pire, il arrive jusqu’à sa tête, tant que Rohann peut sentir son souffle pestilentiel sur ses joues. Et alors, il sent deux petites mains attraper sa gorge. Son sang ne fait qu’un tour et, animé d’une peur intense, le garçon commence à se débattre comme un beau diable. Il essaie bien d’arracher le Grimalin, mais il essaie de le mordre à chacune de ses tentatives, et ses petits copains se chargent rapidement de l’immobiliser. Petit à petit, Rohann sent son souffle le quitter, la panique et la peur plus terribles encore que l’emprise de son ennemi. A ses pieds, Cynder a chassé la plupart de ses ennemis à coups de Flammèche, mais elle est trop occupée par le reste pour remarquer la détresse de son dresseur.

C’est alors qu’une vapeur féérique chasse les gobelins et qu’un fier Smogogo de Galar apparaît devant Rohann. S’il devrait être ravi de cette intervention, il peine beaucoup trop à respirer pour réaliser quoi que ce soit. Sa poitrine se soulève à un rythme de fou alors qu’il bataille à avaler la moindre goulée d’air. Bientôt, son corps est secoué de frissons et de tremblements, et Rohann se retrouve à quatre pattes sur le sol, les yeux écarquillés, tentant vainement de reprendre sa respiration. Chaque tentative est laborieuse, douloureuse, au point que des larmes brûlantes glissent sur ses joues. Le monde paraît tourner autour de lui à la vitesse d’un globe terrestre miniature. Sa respiration, sifflante, traduit une crise sévère.

Il faut agir vite. Rohann fait une crise d'asthme.

 
SaoirseOlsen
When you meet someone special, you know.
Your heart will beat more rapidly
and you'll smile for no reason.
avatar
Invité
Invité
Sam 12 Déc - 13:09   

And then I met you

innerlands - ambassade
ft. Rohann
Une odeur âcre de brûlé s'était répandue dans tout le débarras… Un instant, Saoirse craignit que les équipements aient pris feu. Il ne manquerait plus qu'un incendie dans le gymnase et l'un comme l'autre pourraient sans doute dire adieu à l'ambassade. Cette pensée, néanmoins, ne fut que fugace. Elle passa, ne fit qu'un tour : il la chassa. Actuellement, il s'en moquait. Lui, tout ce qu'il voulait, c'était retrouver Rohann, s'assurer que tout allait bien. Il s'en voudrait tellement d'avoir été incapable de veiller sur lui ne serait-ce que le premier jour… Son âme protectrice, ses élans de fierté s'entrechoquaient violemment : hors de question de passer pour un incapable aux yeux de la hiérarchie. Si son élève était blessé, il ne se le pardonnerait jamais. Certes, ce job, il n'en avait jamais voulu. Lui, il était un ranger d'action, un homme de terrain, pas un professeur qui faisait passer des tests d'endurance à des adolescents… Mais l'échec, il ne le supportait pas. Il voulait réussir, briller, et partir la tête haute. Être cet élément que tout le monde regretterait, qu'on essaierait de retenir. Dans le cas contraire, il ne lui resterait que la honte.

Aussi pressa-t-il le pas, devancé par Terence, alerte, qui semblait parfaitement où aller. Le rouquin était considérablement ralenti par cette douleur lancinante dans son dos. Le moindre mouvement la réveillait désagréablement ; il était certain d'avoir été salement écorché par cette saleté de Grimalin. Il avait senti ses griffes pleines de bactéries déchirer sa peau, malgré le manteau… Sans doute devait-il saigner un peu. Son haut collait à son dos, il avait beau jouer des épaule, essayer de se détacher de ce tissus douloureux, rien n'y faisait. Il devrait sans doute passer par l'infirmerie : une griffure de Grimalin, ce n'était jamais un bonne chose. La créature n'était pas des plus propres, et une telle blessure pourrait facilement s'infecter.  

Saoirse pensa que le monde entier devait lui faire payé un crime d'une vie antérieure. Un crime terrible, sans doute. Tout ce qu'il entreprenait, depuis quelques années, était voué à se solder en cuisant échec. Là où il passait se déchaînaient les éléments… La mort de Christie, ce travail qu'il avait perdu, et enfin, cette ambassade, cette première journée catastrophique… Que devait-il faire ? Comme devait-il réagir à tout cela ? Se terrer quelque part, ne plus côtoyer personne ? Se faire à l'idée que rien ne se passerait jamais comme prévu ?
Il fulminait. Dans son inquiétude, l'adrénaline qui faisait pulser son sang contre ses temps, il bouillonnait littéralement. Ce n'était plus qu'une boule de nerf, un homme à fleur de peau, qui avait bien hâte que toute cette mascarade prenne fin.

L'appréhension monta d'un cran en entendant les cris perçants des monstres sauvages. Une partie du matériel, s'il n'était plus en proie à des flammes incandescentes, avait été carbonisé. Cynder, fière, défendait encore son maître, perdu dans un nuage de fumée grise. Les Grimalins étaient partout. Il les voyait attaquer, sauter, se cacher, hurler,… Et tout d'un coup, sa vision se brouilla, se voila d'une épaisse couche de terreur. Dans quel guêpier s'étaient-ils fourrés…? Il ne s'était jamais trouvé dans une telle situation… 
Son cœur, dans sa poitrine, s'emballait de plus en plus, ne connaissait plus de limite. Il tambourinait fort, si fort qu'il pouvait l'entendre. Qu'il avait l'impression qu'il résonnait dans toute la salle. Sa respiration s’accéléra, il prit de grandes goulées d'air, tenta de se calmer… L'odeur du feu, de tous ces équipements noircis de cendre, le prit à la gorge ; il toussa, s'étouffa presque, chassa ces particules qui se collaient peu à peu à ses voies respiratoires… Et, incapable de dire le moindre ordre, Terence, se rendant bien compte de cette épouvante qui le paralysait, décida d'agir seul. S'avançant au devant du champ de bataille, il poussa une formidable complainte qui ramena tout ce chaos à un silence déroutant… Dans la pénombre, un éclat de lumière naquit alors du corps massif de Terence… Il enfla, avala les ténèbres, déchira l'obscurité… Des beuglements d'effroi se firent entendre, se dispersèrent dans un murmure cristallin. De tout côté, Saoirse perçut les Grimalins se carapater, s'enfuir vite, tout laisser derrière eux… En une file stupéfiante, il montèrent sur les poutres, atteignirent la fameuse fenêtre brisée, et disparurent à la clarté du jour, désertant le champ de bataille.

Lorsque le souffle radieux se dissipa, laissant de nouveau place au règne des ténèbres, le rouquin se précipita sur la petite silhouette recroquevillée, toute suffocante et tremblante, qu'il distingua dans la fumée irritante.
Il l'appela par son nom, d'abord doucement, la voix rauque, prise par l'émotion et l'infâme brouillard, puis reprit plus fort, plein d'inquiétude.
Il l'entendait haleter comme un fou, peiner à reprendre son souffle, s'étouffer tout seul, dans la panique. Le cherchant du bout des doigts, les yeux irrités par la fumée grisâtre, il lui sembla effleurer sa chevelure, la naissance de sa nuque, trouver son dos. Vivement, Saoirse le prit contre lui, le souleva tant bien que mal, le traîna hors de ce capharnaüm, toussant à n'en plus finir.

Et lorsqu'ils furent sortis d'affaire, loin de tout ce désordre, il le força à s'asseoir contre une pile de carton :

━ R-Rohann, t'inquiète pas…! Je suis là… Tu me fais quoi…? Tu fais une crise…? Tu as de l'adrénaline, sur toi…? D'une main tremblante, il tâta son visage livide, essaya d'accrocher son regard, noyé de larmes. Tu paniques… Il faut que tu te calmes… C'est fini, calme-toi, maintenant. Ils sont partis… Terence les a fait fuir…

Terence les avait suivi. Il laissa échapper une petit exclamation inquiète, reprise par ses deux têtes. Le rouquin échangea un petit regard alarmé avec lui, et lui demanda une dernière faveur, dans l'urgence :

━ S'il-te-plaît mon beau… Va retrouver sa Flamiaou… Elle doit encore être là-bas.

Le Smogogo de Galar acquiesça et ne demanda pas son reste, s'éclipsant bien vite dans le nuage de fumée noire… Tara, quant à elle, le poil plus que jamais hirsute, était parvenue à les retrouver. Elle vient se frotter contre son dresseur, laissant échapper de petits miaulements préoccupés.
Doucement, Saoirse prit Rohann contre lui et plongea son regard dans le sien. Sa poitrine se soulevait à une vitesse effroyable : il fallait trouver un moyen pour que ça se cesse ou, du moins, pour que la crise s'apaise un tant soit peu avant de rallier l'infirmerie :

━ Rohann, regarde-moi… Il faut que tu prennes le temps… Regarde… Inspire doucement. À fond, tout ce que tu peux prendre d'air, tu le prends… Voilà… Et maintenant, tu expires, jusqu'au bout… Tu lâches pas.


Il accompagna ses mots en faisant l'exercice avec lui, recommençant plusieurs fois. De cette façon, le Galarien finirait bien par retrouver son souffle…
Saoirse avait la désagréable impression d'être revenu un an en arrière, après une quinte de toux de Christie, à la rassurer, l'accompagner dans la quête d'une meilleure respiration… 

C'était une sensation glaçante.
avatar
Invité
Invité
Sam 12 Déc - 17:59   
And then I met you
Le monde tourne à pleine vitesse devant les yeux de Rohann. A travers ses larmes, il aperçoit des gerbes de feu puis des formes violettes qui fuient dans tous les sens. Il entend des cris de douleur, de peur, de colère - mais tous ces sons lui paraissent lointains, comme s’il était enfermé dans une boîte, tenu à l’écart de la bataille. Pourtant, les Grimalin le bousculent dans leur fuite, l’escaladent même parfois. S’il ne sent pas leurs petites griffes se planter dans ses vêtements, il aperçoit Cynder qui les chasse avec hargne, ses miaulements de colère résonnant dans ses oreilles. La Flamiaou se bat comme une Némélios, jetant ses griffes dans tous les sens, mordant la moindre oreille à sa portée. Bien décidée à protéger Rohann de tous les dangers, elle enchaîne les coups, les encaisse parfois, mais ne flanche pas. Et devant tant de courage, tant de force, Rohann réalise à quel point il est misérable. Son corps, secoué de spasmes douloureux, se tortille au milieu des dossards dont certains sont partis en fumée. L’odeur de la fumée lui envahit les narines et la bouche, soulevant son estomac et menaçant davantage ses voies respiratoires rétractées par la peur et l’angoisse. Chaque inspiration lui donne l’impression d’inhaler du feu, si bien qu’il ne parvient pas à avaler suffisamment d’air pour gonfler ses poumons. Des perles de transpiration glissent le long de son visage rouge, sous ses joues noires de cendre, se mêlant aux larmes relâchées par ses yeux écarquillés.

Et soudain, le silence. Plus de lutte, plus de cris, plus de fracas. Jusqu’à ce qu’une voix s’élève. Une voix inquiète, de plus en plus forte, qui paraît s’approcher. Rohann sent une main se poser dans ses cheveux, sur sa nuque, dans son dos, puis autour de sa taille. Il se sent soulevé, mais dans sa détresse respiratoire, il ne s’en rend plus vraiment compte de rien. Les ténèbres laissent bientôt place à une luminosité faible mais apaisante. L’odeur de la fumée se dissipe, remplacée par une odeur de vestiaire, reconnaissable entre mille. Secoué de spasmes douloureux, Rohann s’assoit tant bien que mal contre la pile de carton où Saoirse l’a déposé. La bouche entrouverte, les yeux brûlants, il cherche désespérément à respirer, mais ne parvient qu’à enchaîner les hoquets douloureux. S’il entend la voix de son formateur, c’est à peine s’il le comprend. A travers sa vue brouillée, il reconnaît la forme et notamment les hautes cheminées d’un Smogogo de Galar. Mais Cynder … Cynder n’est nulle part. Elle devrait être là, avec lui…! A ronronner sur ses genoux pour le rassurer, à lécher ses doigts pour lui rendre compte de sa présence. Mais tout ce qu’il sent, ce sont les mains de Saoirse sur ses joues. Bientôt, Rohann plonge son regard dans le sien, comme un appel à l’aide désespéré. Plus que jamais, il a besoin de son aide. Lui seul en est capable.

Doucement, la voix de Saoirse s’élève et l’encourage. Il l’accompagne dans ses inspirations et ses expirations, réalise les exercices avec lui. Au début, Rohann arrive à peine à inspirer. Mais au fur et à mesure, il parvient à prendre de plus grandes goulées d’air, et à les relâcher entièrement. Les battements furieux de son cœur s’apaisent à mesure qu’il retrouve une respiration toujours sifflante, mais moins laborieuse. Il tousse un peu, pousse de petits geignements douloureux, mais reprend petit à petit le contrôle de lui-même. C’est alors que Cynder surgit du local, le pelage hirsute et sale, mais l'œil vif. En apercevant Rohann, elle se hâte de grimper sur ses genoux afin de lécher son visage de sa langue râpeuse. Son ronronnement de joie termine d’apaiser le garçon, qui se sent déjà bien mieux. Néanmoins, il a avalé beaucoup de fumée, et la moindre inspiration est douloureuse. Qu’il le veuille ou non, il va devoir voir un médecin. Et à en juger par l’état de Saoirse, il en a bien besoin aussi.

J-Je suis désolé …

Parvient-il difficilement à articuler, alors qu’il essuie ses joues d’une main tremblante. Et dire qu’il y a quelques minutes auparavant, il se vantait de se porter comme un charme. Foutaises. Cela dit … c’est bien la première fois que des Pokémon tentent ainsi de l’étrangler. Rohann a encore l’impression de sentir les horribles petits doigts de Grimalin presser sa gorge. Distraitement, il porte sa main à son cou, sentant quelques petits trous dans sa peau. Une blessure très bénigne, qui ne saigne même pas, mais qui confirme que tout cela s’est vraiment passé. Qui aurait cru qu’un groupe entier de Grimalin avait élu domicile dans ce vieux local humide ..?! Une chose est certaine, Rohann ne risque pas d’y remettre les pieds avant un bon moment. Ses doigts se perdent alors dans le pelage de Cynder, souillée de cendre. Elle a l’air d’être bien amochée … mais elle s’est battue de toutes ses forces et pour cela, elle mérite toute sa reconnaissance. Néanmoins, elle n’est pas la seule. Les yeux de Rohann remontent vers le visage de Saoirse. S’il n’était pas venu à sa rescousse … tout cela aurait pu tourner au drame. Ce n’est pas exagéré de dire qu’il lui a vraiment sauvé la vie.

Quelques nouvelles larmes viennent mouiller les yeux de Rohann. La honte l’accable, tant qu’il a du mal à soutenir le regard de son aîné. Pour autant, il le faut : l’adolescent lui doit bien ça.

Merci de m’avoir tiré de là. Je … Je ne sais pas ce qu’il serait arrivé si vous n’étiez pas venu.

De ses mains tremblantes, il attrape doucement Cynder qu’il serre contre son torse. Il a encore bien du mal à réaliser tout ce qu’il vient de se passer. Sa tête paraît prise dans un étau et son corps entier hurle de douleur. La fatigue, aussi, lui est tombée dessus avec la violence d’un marteau. Il a vraiment connu mieux, comme première journée ..

 
SaoirseOlsen
When you meet someone special, you know.
Your heart will beat more rapidly
and you'll smile for no reason.
avatar
Invité
Invité
Lun 14 Déc - 15:02   

And then I met you

innerlands - ambassade
ft. Rohann
Gonflant ses poumons de l'air moite des vestiaires, les vidant jusqu'à l'asphyxie, Saoirse apprenait lui-même à calmer les battements effrénés de son cœur. L'un comme l'autre s'apaisaient ensemble, dans un élan de solidarité qui les liait désormais après cette terrible épreuve qu'ils venaient de traverser. La douleur qui irradiait son dos s'était muée en picotements qui lui donnaient une envie irrépressible de s'écorcher vif pour s'en débarrasser… Il se contenta de rouler des épaules, tendre volontairement la peau de son dos en grimaçant… Visiblement, le Grimalin ne l'avait pas épargné, et il était sans doute important de montrer ses blessures à l'infirmier du campus… Une infection était vite arrivée, et ce n'était pas le moment d'avoir des complications…
Pour l'instant, néanmoins, c'était l'état de Rohann qui le préoccupait plus que tout le reste. Gardant une main douce sur sa joue, il cherchait son regard, le forçait à soutenir le miel de ses prunelles et à accompagner progressivement son souffle…
Le jeune homme, s'il avait eu du mal à exécuter l'exercice au tout début, encore pris par la panique, commençait à mieux se débrouiller. Sa respiration, sifflante, retrouvait petit à petit un rythme normal. Il entendait l'air irriguer difficilement ses voix respiratoires, en ressortir tout tremblant… Et face à ce garçon qu'il connaissait à peine, dont le visage blême était inondé de larme, il se sentait pris d'une tendresse qui lui était propre et ne l'étonnait en rien… Saoirse avait toujours été une éponge émotionnelle, même si avec le temps et un peu de travail, il parvenait désormais à altérer cette grande sensibilité.
Les nerfs à fleur de peau, il manipulait Rohann avec la plus grande douceur, cherchant à le rassurer, à interrompre le flot ininterrompu de ses pleurs.

En entendant le miaulement inquiet de sa Flamiaou, le soulagement se répandit en lui comme des nappes d'eau tiède. La présence de sa partenaire réconforterait sans doute le garçon et apaiserait les dernières traces de terreur qui secouaient encore sa poitrine de lourds frissons. Il laissa donc la minette monter ses les genoux de son dresseur et s'amusa même un peu des coups de langue qu'elle lui offrir, le débarbouillant de toute la suie qui teintait sa peau porcelaine :

━ La voilà… Regarde, elle va bien. Elle n'a rien… Heureusement qu'elle était là, pas vrai ?

Sa voix avait retrouvé un timbre normal, à croire que toute la fumée qui l'avait éraillée ne faisait déjà plus effet. Pourtant, il sentait encore une légère gêne au fond de sa gorge, et se serait sans doute volontairement fait vomir pour s'en débarrasser si Rohann n'était pas là. Il avait parlé sur un ton doux, volontairement caressant et, gentiment, il vint flatter la Flamiaou de quelques gratouilles derrière les oreilles. Tara, qui s'était logée contre lui, miaula pour réclamer un peu d'attention. Doucement, il la prit dans ses bras et la serra contre lui en la gâtant de lourdes caresses qui purifièrent son épaisse fourrure de toute la poussière amassée dans le débarras.
Enfin, il la reposa pour s'occuper à nouveau de Rohann, qui s'était considérablement calmé. Sa respiration était encore ronflante, comme un moteur qui peinait à démarrer, mais son visage, petit à petit, reprenait des couleurs. Ses joues se teintèrent en effet d'un carmin sanglant, signe d'une grand honte qui secoua ses épaules de sanglots. Le rouquin lui adressa un petit sourire conciliant et frotta doucement la naissance de sa nuque pour le consoler :

━ Là… Ne te retiens pas, laisse couler tes larmes… Ce n'est pas grave, tu as une réaction normale. N'aies pas honte.

Au passage des manches rugueuses de son uniforme, la peau fine et blanche de Rohann, gâtée par le sel des larmes, ne manqua pas de s'irriter. Le rouquin l'observa en silence, ne suspendant pas ses gestes de soutien, et secoua doucement la tête en entendant ses excuses et ses remerciements successifs.
Quiconque ce serait retrouvé dans une telle situation n'aurait pas eu une meilleure réaction. Un Grimalin avait tenté de l'étranger lui aussi… Dans quel état se serait-il trouvé si Tara ne l'en avait pas empêché ? Il aurait peut-être lui aussi eu une crise de panique, une perte soudaine de souffle… Et la fumée, le feu, la suie et la poussière, n'avaient sans doute rien arrangé. C'était les bêtes noires des asthmatiques, et si Rohann ne voulait pas l'admettre, sa maladie était bel et bien présente. Pour autant, Saoirse ne le considérait pas comme un gamin faible, sans potentiel ou même incapable de suivre ses études : certes, il lui fallait faire attention, mais son aplomb et sa volonté brillaient trop vivement pour pouvoir les ignorer.
Doucement, il essuya de son pouce une larme qui s'apprêtait à rouler dans son cou :

━ Calme-toi. J'aurais pu être à ta place. Tout le monde aurait pu être à ta place, et tu as été très solide. Ne t'inquiète pas, je ne dirai rien de ta crise… Je parlerai juste du Grimalin dans mon rapport, d'accord ? Et de la fumée. C'est suffisant pour expliquer ta détresse respiratoire… Son sourire s'élargit ; il releva doucement le menton du jeune homme et accrocha gentiment son regard. Mais tu comprends, je vais quand même devoir t'amener à l'infirmerie… De toute façon, j'en ai bien besoin aussi. Ils ne m'ont pas raté… Est-ce que tu te sens capable de te lever si je te soutiens un peu…? Je préfère éviter d'avoir à te porter dans la cour. Les gens sont bêtes, parfois. Ils ne comprendraient pas nécessairement…

Saoirse se redressa et, courbant l'échine, prit Rohann par-dessous les épaules, passant son bras droit autour de son cou pour s'assurer qu'il s'appuie bien contre lui. Il l'aida donc à se lever, sous le regard attentif de sa Flamiaou et avec le soutien bien utile de Terence qui était revenu en même temps que cette dernière. Le rouquin le remercia d'un signe de tête, et tenant fermement Rohann contre lui, il demanda d'une voix sereine :

━ Tout va bien…? Tu arrives à respirer…? Tiens toi bien à mon cou, n'hésite pas. Et surtout, ne t'inquiète pas. Tout ce qui s'est passé, l'asthme, tout ça… Ça reste entre nous, d'accord…? Je n'en dirai rien aux supérieurs, c'est promis.

avatar
Invité
Invité
Mar 15 Déc - 13:57   
And then I met you
Malgré ses respirations douloureuses et sifflantes, Rohann sent que le gros de la crise est passé. Son torse se soulève encore trop rapidement, mais l’air circule déjà bien mieux dans ses poumons. S’il n’arrive pas à les gonfler entièrement encore, la manœuvre est beaucoup moins laborieuse. Maintenant, il se rend compte de la douleur qui irradie chaque partie de son corps. Les Grimalin l’ont griffé un peu partout, plantant leurs horribles petits ongles dans sa peau tendre et délicate. En levant un peu son bras droit, il aperçoit quelques plaies superficielles, d’autres un petit peu plus sérieuses. En soi, rien qui ne mérite des points de suture ou une quelconque opération chirurgicale, mais il est certain qu’il va falloir désinfecter tout cela. Les Grimalin ne sont pas réputés pour être des créatures propres, bien au contraire - ils aiment fourrer leurs pattes partout et véhiculent facilement les maladies. De la véritable vermine, qui n’hésite pas à attaquer des êtres humains. Mais de là croire qu’ils auraient investi le local d’un gymnase …! Cela dépasse l’entendement. D’un côté, Rohann se demande s’ils ont été chanceux ou malchanceux d’avoir découvert ce squatte : certes, ils sont ressortis amochés mais au moins, ils étaient deux. Si un élève était venu chercher quelque chose seul et qu’il s’était fait attaqué … Rohann n’ose pas imaginer l’étendue des dégâts.

Petit à petit, Rohann et Saoirse se remettent de leurs émotions. Tous deux couvrent de caresses les deux pestes à l’origine de tout ce capharnaüm. Pour autant, l’apprenti n’en veut pas à Cynder : si elle n’avait pas vaillamment combattu les Grimalin, il aurait eu des blessures bien plus sévères. Dans la folie de la bataille, elle a mis le feu à quelques outils laissés dans le débarras mais étant donné l’état général de ce dernier, il serait plus avisé de le vider et de tout ranger correctement. Sans oublier, évidemment, de réparer la fenêtre brisée. Rohann ne saurait dire si les Grimalin l’ont brisé eux-mêmes pour se faufiler à l’intérieur ou s’il y a une toute autre raison, mais le résultat est le même. Qui sait quelle autre créature pourrait venir se nicher sous les plots oranges ou les vieilles tables renversées ? Sûrement Saoirse ne manquera-t-il pas de faire remonter l’information à l’administration. Pour la sécurité de tous, il faut que ce local soit nettoyé et remis en état. Au lieu de quoi, d’autres accidents comme celui-ci risqueraient d’arriver. Et de toute façon, après l’incendie provoqué par Cynder, il est plus que nécessaire de se débarrasser de tout le matériel carbonisé. Rohann espère seulement que son amie n’aura pas de souci : elle a agit en légitime défense, luttant comme une tigresse pour le protéger. Si pour cela elle reçoit quelque sanction que ce soit, l’adolescent n’hésitera pas un seul instant à la défendre.

Face aux excuses et à la honte mordante de Rohann, Saoirse se hâte de le consoler et de le rassurer. De son pouce, il essuie ses larmes et s’adresse à lui avec une douceur qui tranche avec son comportement froid du début d’après-midi. C’est un homme nouveau que l’adolescent découvre depuis qu’ils sont entrés dans le gymnase. Saoirse lui apparaît beaucoup plus sensible et chaleureux, comme il espérait le découvrir en pénétrant pour la toute première fois dans son bureau. Le masque est tombé, et Rohann préfère cette figure plus naturelle et vraie, même si ses traits sont tirés par la douleur et l’inquiétude, et ses joues couvertes de suie. Au fond de lui, et malgré cette péripétie qu’il aurait préféré éviter, il sent que quelque chose s’est débloqué entre eux. Rohann aime croire que rien n’arrive par hasard, et que s’ils ont rencontré cette difficulté, c’est pour en ressortir plus forts. Un léger sourire, un peu tordu, étire ses lèvres tandis que Saoirse lui fait la promesse de ne pas mentionner sa crise d’asthme dans son futur rapport. Quant à l’idée de l’infirmerie, elle le rassure plus qu’elle ne l’angoisse. Ils ont bien besoin de soin, l’un comme l’autre - et Cynder et Tara aussi, d’ailleurs. Ainsi laisse-t-il son aîné le soutenir afin de l’aider à se relever et à rejoindre l’infirmerie. S’il sent ses jambes légèrement flageolantes, Rohann se garde bien de le dire.

Merci pour tout, vraiment.

Ainsi quittent-ils le gymnase, lentement, tous deux bien amochés après cette bataille inopinée. Etrangement complices, Cynder et Tara ouvrent la marche, s’assurant que rien ni personne ne vienne troubler l’avancée des deux garçons. Heureusement, ils ne croisent personne dehors, et ils rejoignent la double-porte menant dans le bâtiment principal sans embûche. Parfois, Rohann trébuche un peu mais il tient bon, sa fierté le poussant à garder la tête droite malgré la douleur irradiant son corps. Parfois, quelques vertiges lui donnent l’impression qu’il peut s’écrouler à tout moment, mais il n’en n’est rien. Dans le long couloir principal menant aux différentes ailes de l’ambassade, ils croisent quelques employés qui les dévisagent avec de drôles d’air. Ils ne doivent pas avoir fière allure, tant qu’une femme de ménage se hâte d’aller leur ouvrir la porte dissimulant l’infirmerie. Rohann la remercie d’un sourire avant de pénétrer dans la pièce sentant fort l’alcool et le désinfectant. Il retrousse aussitôt le nez, n’appréciant pas ces odeurs d’hôpital lui rappelant de mauvais souvenirs. L’infirmier de garde pour l’après-midi écarquille de grands yeux étonnés en les voyant arriver dans un tel état. Ni une ni deux, il assoit Rohann sur un lit, puis Saoirse sur l’autre, leur demandant aussitôt des comptes tandis qu’il prépare un chariot de compresses et de désinfectant. Rohann esquisse aussitôt une petite grimace : il sent qu’ils vont passer un seul quart d’heure. Il échange alors un petit regard navré avec Saoirse.

L’infirmier s’affaire rapidement autour de lui. En entendant leur histoire, et notamment à la notion de l’incendie, il sort deux respirateurs artificiels rattachés à des bombes d’oxygène. En plaçant le masque sur son nez et sa bouche, Rohann ressent déjà une nette différence. Aspirer ainsi de l’oxygène directement à la bouteille semble ravir ses poumons et le garçon doit même résister à l’envie de tout avaler d’un coup. Ainsi modère-t-il sa respiration pour qu’elle reste calme et régulière, tout en regardant Saoirse aux prises avec l’infirmier. Ce dernier l’a débarrassé de son manteau et de son pull pour examiner les blessures dans son dos. Si Rohann en ignore la nature, il devine à la grimace de son aîné qu’il ne s’agit pas de petites griffures légères. Néanmoins, le regard de l’adolescent glisse tout seul le long du torse de son formateur, appréciant le dessin de ses abdominaux. Saoirse est un très bel homme, parfaitement dans les goûts de Rohann. Grand, bien bâti, élégant … Réalisant le fil de ses pensées, l’apprenti rougit furieusement et fait mine de caresser Cynder roulée en boule sur ses genoux. Ce n’est clairement pas le moment de mater ! Et surtout pas son professeur. Alors le garçon garde les yeux baissés, préférant se concentrer sur sa respiration. 

Décidément, quelle journée…!

 
SaoirseOlsen
When you meet someone special, you know.
Your heart will beat more rapidly
and you'll smile for no reason.
avatar
Invité
Invité
Mer 6 Jan - 20:48   
Je me permets mon petit jet de fouille romantique
Professeur Chardon
Professeur Chardon
And then, I met you ━ ft. Saoirse Carte_12
And then, I met you ━ ft. Saoirse Miniat12
Pokédollars : 2035
Pas de badges
Inventaire : //
Pas de rubans
Professeur Chardon
Highlands
Mer 6 Jan - 20:48   
Le membre 'Rohann Brooke' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


'Dé de Fouille' :
And then, I met you ━ ft. Saoirse Noigrume_Rge


And then, I met you ━ ft. Saoirse Sprite10
avatar
Invité
Invité
Mer 6 Jan - 20:53   
Idem je t'aime
Professeur Chardon
Professeur Chardon
And then, I met you ━ ft. Saoirse Carte_12
And then, I met you ━ ft. Saoirse Miniat12
Pokédollars : 2035
Pas de badges
Inventaire : //
Pas de rubans
Professeur Chardon
Highlands
Mer 6 Jan - 20:53   
Le membre 'Saoirse Olsen' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


'Dé de Fouille' :
And then, I met you ━ ft. Saoirse Noigrume_Rge


And then, I met you ━ ft. Saoirse Sprite10
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
   
Page 1 sur 1