Miura Serah

Histoire

La chevelure tant aimée de feu danse,
Adulée par la neige d'un temps,
Pourtant l'horizon avale ses mouvements et,
Son sourire figée
Le coeur écrasé, Serah aime une dernière fois,
Le souvenir d'une âme.

Sarah est partie. Elle n'est plus que les fragments d'une enfance révolue. Elle l'a accepté. Elle ne l'a pas accepté. Serah ne digère pas la claque de la réalité. Ni le fait que demain sera un jour sans elle, ici, à Frimapic. C'est la première fois qu'elle se sent seule et... abandonnée. Non. Elle éloigne ce putain de sentiment d'un mouvement de tête. C'est ainsi. C'est pour le bonheur de Sarah. Mais... Pas le sien. Pas le sien, à elle.

Pas stupide est celle à la chevelure noire. Ses sentiments amicaux ne le sont plus depuis un très long moment. Premier amour. La rousse a toujours régné dans son coeur. Un organe maintenant à l'abandon. Ca fait mal. Beaucoup trop mal. Le bonheur de Sarah passe avant le sien, c'est un fait. Serah a toujours souhaité que la rousse ait quelqu'un de bien dans sa vie. S'étant ainsi préparé à n'être qu'une amie, sa meilleure amie. Mais pourquoi est-elle si... en colère, jalouse... ? Peut-être parce qu'elle n'apprécie guère Ian ? Possible. Cet homme la dégoûte, lui donne des boutons et la nausée. Quelque chose cloche. Quelque chose cloche chez lui. Serah en est sûre. Mais Sarah ne lui a pas tendu l'oreille. Et pourtant, elle lui en veut pas. L'amour nous fait faire des choses stupides. Très. Stupides.

- " Allez, petite soeur ! Ne reste pas planté là. Rentre à la maison si tu ne veux pas ressembler à un bonhomme de neige !
- Je vais le tuer.
- Serah ! Je t'ai déjà dit quoi ? Attends le divorce pour le tuer et... viens avec moi à l'intérieur, ce n'est pas en restant seule que ton coeur va guérir. "

De retour à la maison, emmenée de force par son grand frère, premier enfant de cette grande famille. Serah ne peut que protester d'un râle. Quant à l'aîné, il rigole, habitué au fort caractère de sa chère sœur. Placée dans le canapé familial, les yeux zieutant le salon. Personne. Ils ne sont que deux. Ou alors... Sursaut. Serah manque de faire un bond quand elle voit le reste de la famille débarquer. C'est ainsi qu'elle est réconfortée. Noyée dans les étreintes du deuxième enfant de la famille, sa grande soeur. Chouchoutée par sa maman qui lui tend des pâtisseries. Et le reste qui tente tout pour lui faire changer les idées, ne plus penser à Sarah, à Ian, à eux.

Prisonnière des quatre murs de sa chambre, regard perdu dans l'océan des souvenirs, le cadre photo entre les doigts, Serah se sent nostalgique d'une époque lointaine. Où elles n'étaient encore que deux; l'une princesse, l'autre chevalière. Deux enfants si différentes. Mais pourtant unies. Sarah est et sera toujours sa moitié, son double. Nées le même jour et au prénom si semblable à l'exception d'une lettre. Liées dès le début.

Des moqueries transformés en bruit. Petite Serah fronce des sourcils, et intervient tout de suite ; se mettant devant la cible de l'amusement mesquin des autres, Sarah. Les insultes fusent et s'écrasent sur le visage des imbéciles. Celle aux cheveux noirs n'épargne personne,  retrouvant son calme lorsqu'elle fait face à la rousse, le coeur musicien en sa présence. Et elle lui chante la vérité : " J'aime tes cheveux ! Ils sont chaleureux ! ".

Solaire est Sarah : d'une douceur à en retrouver goût à la vie, à la gentillesse parfumée d'attention et à ses sourires d'été pour lesquels Serah chute, incapable de se rapprocher d'elle, son astre. L'eau voyageuse sur ses joues la ramène à la réalité. Sarah lui manque déjà. Elle sent sa personne suffoquer à l'idée qu'elle ne reviendra plus. Elle se sent vide à la pensée qu'elle ne verra plus la lumière, sa lumière. Plus jamais elle ne goûtera ses cupcakes. Plus jamais Serah ne piquera une crise car elle refuse de les partager. Plus jamais elles à cause de lui. Elle a supplié Sarah de ne pas partir avec lui. Elle a même pleuré. Une fois. Pas deux. Trop épuisée lorsque Sarah lui a annoncé leurs fiançailles.

Les jours se ressemblent tous depuis le départ du soleil. Routine. Serah aide tous les jours ses parents, deux anciens rangers, à s'occuper de l'auberge - unique de la ville. Souvent le reste de la fratrie - de dix enfants, Serah est la troisième - est là aussi pour prêter main forte. Et les soirs animés par cette grande table où se réunisse toute la famille. C'est chaleureux. C'est agréable. Mais ils ne sont pas Sarah. Ils ne sont pas sa source de joie. Et ils le savent. Bien que cette famille soit soudée, ils ne savent plus quoi faire et espèrent sincèrement retrouver leur Serah.

L'ennui envahie ses entrailles. Trop souvent, elle sort, tente de voir au delà de la ville. Mais l'horizon n'attire pas ses yeux. Il n'y a rien, ici. Rien. Souvent Serah va voir les parents de Sarah, tente de retrouver un semblant de réconfort. Mais rien n'y fait. Elle n'arrive pas à combler la peine.

Alors, elle trouve refuge sur un bateau en plein naufrage; naviguant vers la tempête, l'adrénaline comme force. Serah s'y perd, ne se retrouve plus. Cette tempête c'est lui, un voyageur s'étant arrêté à leur auberge. Il l'accueille d'un sourire étouffant, mais si chaleureux. Serah accepte son amitié, les yeux fermés. Elle qui était autrefois méfiante, la voici naïve. Il lui tient compagnie, ils sont un peu près le même âge. Une routine s'installe entre eux. Ils traînent ensemble, apprennent de l'un et de l'autre. Lui, mentionne une moitié d'âme ; une femme trop précieuse pour son p'tit coeur. Elle, Serah, lui apprend l'existence de Sarah, son unique amour. Le voyageur est là quand Serah s'emporte, exprime sa colère envers Ian, envers son incapacité de la suivre. Après tout, elle n'a jamais été capable de grand chose. Hormis de crier, de frapper, d'insulter. Et il est toujours là quand il lui présente quelque chose d'extraordinaire, un moyen de vivre et d'être libre de la routine de la vie mais surtout d'avoir assez d'argent pour retrouver l'aimée !

Trace ta routine et ne te retourne pas,
La société ne nous retiendra pas,
Nous sommes beaucoup trop bons pour elle,
Toi et moi,
L'Amoureuse et le Fou,
Dansons et amusons-nous,
La vie est notre terrain de jeu,
À nous, les êtres libres.

Merde. Merde. Merde. Elle a fait une connerie. Une putain de connerie de merde ! Il est trop tard pour revenir en arrière. Il est trop tard. Criminelle dans l'âme. Serah a été naïve, a été bercée d'illusions. Elle a cru en lui, à ses mots, à ses promesses ! Ce putain de voy--... De Fou. Il est Fou, voilà ce qu'il est ! Un Fou qui a réussi à l'avoir, à la faire basculer. Serah a aimé - détesté capturer et voler des pokémons. Serah elle a fermé les yeux en sachant qu'ils seront vendus sur le marché noir. Et Serah a accepté l'argent qu'elle ramassait beaucoup trop facile. Celle aux mots piquants serre le poing. Trop tard. Il est trop tard. Ce manège dure depuis quatre mois. Mais elle a assez d'argent pour retrouver Sarah, pour retrouver un semblant de clarté. Mais elle le sait : elle ne retrouvera jamais sa propre personne. Prisonnière dans la prison dans laquelle le Fou la garde. Elle le sait très bien. Il fera tout pour la retrouver. Il fera tout pour la garder. Après tout, elle est un membre précieux de la Team Sealg. Après tout, elle est un membre de sa famille, à lui.

Il est tard quand elle foule le sol - prête à fuir, prête à la retrouver, prête à vivre, prête à survivre. La nuit comme paysage. Serah se fond dans l'obscurité et entame son voyage vers le soleil. Où est-il ?