Hitomi Inoue

Histoire

Les parents d'Hitomi sont une histoire d'un soir, un réconfort temporaire entre deux jeunes un peu alcoolisés. Ils ont passé la soirée ensemble, se sont trouvés dans les bras l'un de l'autre, et de cette nuit est née une petite fille. Aussi blonde aux yeux bleus que sa mère, du moins c'est ce que son père lui racontait toujours. Hitomi n'a aucun souvenir de la femme qui lui a donné la vie, celle-ci l'a abandonnée aux soins du père dès la petite sevrée. Elle ne voulait gâcher sa vie avec un enfant imprévu. Fort heureusement Ren Inoue ne l'entendit pas de la même manière. Jamais sa fille ne manqua de rien, grandissant telle une princesse avec les moyens du bord. Il tenait à ce qu'elle se sente désirée, aimée, malgré l'absence de mère dans sa vie. En réalité, Hitomi trouva une autre grande famille.

Les yakuzas.

Son père en était un membre important, ainsi sa fille fut traitée comme la fille de tout le monde. Hitomi avait beau être la seule enfant on la laissait innocente, loin des trafics divers, loin de la violence. Elle apprit rapidement à ne pas craindre ces gens de grande taille, avec des tatouages ou parfois des cicatrices. Pourquoi tout le monde semblait les craindre ? La petite ne comprenait pas, elle qui voyait en eux son unique famille. Certes, elle vécut recluse, cachée aux yeux du monde, mais ça ne la dérangeait pas. Pas plus que de ne pas aller à l'école, des adultes lui faisaient la leçon quand ils avaient le temps. L'enfant apprit à compter avant de savoir écrire, à lire en étudiant l'histoire, et des insultes avant de savoir marcher. Son père faisait toujours les gros yeux quand on jurait devant sa fille, néanmoins ça ne l'empêcha pas de retenir ces gros mots.

Papa lui offrit son premier pokemon le jour de ses 8 ans. Une sabelette orpheline dont il voulait qu'elle prenne soin. Elle n'eut jamais les détails, mais elle entendit par hasard que la belette se retrouvait ainsi à cause des yakuzas. Comme promis Hitomi s'occupa avec amour de sa petite étoile, Hoshi, nommée d'après une position dans laquelle elle dormait souvent à l'époque. C'était assez amusant à voir, du moins quand on ignorait qu'elle faisait ça pour se protéger, pour passer comme morte. Une drôle de position pour une histoire beaucoup moins drôle.

Papa lui confia une seconde pokeball l'année de ses dix ans, en lui disant que le pokemon à l'intérieur allait la protéger à la place de papa. Hitomi ne comprit pas de suite ce que ça signifiait, ni pourquoi elle devait se cacher. Quelques heures plus tard les policiers découvrirent une gamine tremblante dans un placard, ses deux pokeball serrées contre elle. La vérité qu'elle ne comprit que bien plus tard, c'est que ce jour-là, les autorités avaient déniché la base des yakuzas - l'une d'entre elles du moins, et arrêté tous ces membres. Tous, sauf une enfant qui ignorait tout de ce qui se passait. On fit des recherches, on se demanda si elle avait de la famille dans la région. Rien. En revanche on retrouva les traces de sa mère à Keros, alors on lui envoya sa fille.

Maman l'accueillit avec un regard glacial, lui jeta à peine trois mots pour la saluer. Sa chambre n'était pas faite, si elle voulait manger elle devait se débrouiller seule. Idem pour l'école, elle ne fut inscrite que parce que les voisins insistèrent lourdement. Hitomi comprit rapidement que maman ne voulait pas d'elle. Elle se prit à rêver de retrouver sa famille, la vraie. Quelques années chez cette femme suffirent à la transformer, à en faire une petite discrète, timide, craintive de commettre la moindre erreur et se faire frapper. Car oui, maman la battait parfois, quand elle en avait assez de la voir. Quand elle jalousait cette jeune et jolie adolescente qui lui ressemblait trop à son goût. La jeune fille se mit à bégayer dès qu'il fallait aligner trois mots, à s'excuser en permanence, ne serait-ce que par prévention.

Elle pleurait le soir avec Hoshi, priant Arkée que sa famille revienne la chercher.
Elle pleurait aussi le soir où maman la laissa dans la forêt Eagal, loin de Peridot où elles vivaient.
Maman ne revint jamais la chercher.

Il fallut plusieurs jours pour qu'on découvre la petite affamée, terrorisée, qui se réfugiait derrière son grand libégon. Les rangers eurent du mal à le calmer et le faire rentrer dans sa pokeball, à tel point qu'on voulut le retirer à la jeune fille, la pensant en danger avec un tel pokemon. Elle refusa cependant de lâcher la pokeball. Car c'était le dernier pokemon de papa, le dernier souvenir, un protecteur jusqu'à ce que papa revienne. Alors impossible de lui arracher. De quoi bien embête les autorités devant cette adolescente qu'ils pensaient perdue.

-On a prévenu ta maman, elle arrive. Tout va bien.

Non. Tout n'allait pas bien. Hitomi se remit à pleurer, supplia qu'on ne la renvoie pas avec cette femme. Pour la première fois elle montra les traces de coups, expliqua la situation. Officiellement elle restait sous l'autorité de sa mère, mais les policiers ne voulaient pas la laisser avec une personne la maltraitant. Maman fut ravie de signer les papiers pour la décharger de ce poids qu'était sa fille, la rendant officiellement orpheline. Le pire dans tout ça ? Pour Hitomi ce fut comme une délivrance, elle se sentait mieux à l'orphelinat que chez sa mère. A vrai dire, elle ne voulait plus de parents. Elle voulait toujours retrouver sa véritable famille. Rêve de jeune fille innocente qui espérait que rentrer à Kanto lui permettrait de rentrer à la maison.

L'idée de devenir coordinatrice lui vint avec des amies du lycée. Oui, elle réussissait enfin à se faire des amis malgré ses tares comme elle les appelait. On avait beau la rassurer ça ne suffisait pas à ce qu'elle arrête de se dénigrer. Alors ses amies proposèrent de rejoindre les rangs de ceux sur scène. Un beau moyen de s'affirmer selon elles. Alors Hitomi se dit pourquoi pas, après tout Hoshi aussi aimait bien faire des tours. Ça n'allait pas être très compliqué d'en faire un pokemon de coordinateur. Orion en revanche... Elle a à peine le droit de le sortir, jamais dans l'enceinte de l'orphelinat en tout cas.