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Keros FORUM POKEMON · ANNEES 60 · AVATARS 200*320 · PAS DE MINIMUM DE LIGNES
En Novembre 1965, Keros fête ses 30 ans. Désormais libre de l'égide de Galar, la région se remet péniblement de deux guerres, et la jeunesse a envie de tourner la page. Sa liberté, elle la trouve autant dans l'activisme que dans des loisirs innocents. Les combats de Pokémon, en phase pour devenir la discipline phare à Keros. La coordination, l'élevage et le métier de ranger ont également le vent en poupe. Une organisation criminelle profite de cette mode pour s'enrichir grâce au braconnage et le gouvernement ne semble pas concerné par la crise écologique et économique imminente.Lire la suite
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Inventaire : - Glossaire
- 6 Pokeballs
- 1 Dé d'or
- 2 Noigrumes Vert
- 1 Noigrume Rose
- 1 Fossile Plume
Pas de rubans
Cadence | Flashback Mer 24 Aoû - 16:51
words
notes
Solo
Camil n'a jamais vraiment su ce qu'était une mère. Une génitrice, peut être, mais une mère ? La seule personne s'étant approché de ce rôle dans sa vie fut Cadence.
Cadence était une femme d'âge moyen, plus agée que lui, mais pas encore une doyenne. Elle était dure, Cadence, elle parlait peu et encaissait les coups de la vie sans broncher. Après tout, dans la rue, il n'y avait pas le temps de s'arrêter pour s'apitoyer sur son sort. Marche ou crève, Cadence l'avait bien compris. Alors elle avançait, avec toute la fierté et la détermination qu'il lui était donnée d'avoir. Elle était dure, Cadence, mais pas froide. Elle avait pour ses congénères un amour particulier, de ceux qui n'avaient pas le temps d'être doux. Un amour féroce, protecteur même envers les plus jeunes.
Elle lui faisait peur.
Récemment échappé des Landes Désertiques, fraîchement présumé mort, tout nouveau dans l'univers de la rue, Camil n'y connaissait rien. Il en savait simplement assez pour savoir qu'il ne voulait s'approcher de personne. Ne voulait faire confiance à personne. Quitte à en mourir seul. Et il aurait bien pu y passer, si Cadence ne l'avait pas repêché. Si elle ne l'avait pas sermonné avec rudesse comme le ferait une mère. Mais ça, comment aurait-il pu le savoir ? Cadence lui hurlait dessus, mais son inquiétude sonnait comme de l'ennui aux oreilles de Camil et son premier réflexe fut de la suivre après cet épisode.
En vain. Elle l'avait repéré.
Ce jeune homme, à peine sorti de l'adolescence, encore un gamin somme toute... Tout frêle, malingre et pâle comme la mort ? Comment aurait-elle pu le laisser se débrouiller seul ? Impossible. Alors Cadence s'imposa dans sa vie, l'effrayant par sa présence silencieuse et son regard dur. Ils mirent longtemps à se comprendre et n'y parvinrent jamais entièrement. Cassés par la vie, il leur été difficile de concevoir les relations humaines comme autre chose que l'attente d'une brisure assurée.
Et cette brisure tarda, mais arriva fatalement. Cadence lui avait tout appris de ce qu'elle savait. Un savoir amoral, peu éthique mais nécessaire dans leur condition. Il ne s'agissait pas d'être vicieux et de nuire pour le plaisir mais de ce qui s'avérait nécessaire pour sa survie. Cadence était, encore une fois, dure dans ses propos, contredisant même parfois ses propres actes. Elle qui assurait que dans la rue, il fallait d'abord penser à soi s'était plus d'une fois mise en danger pour le sauver... Et Camil s'attacha, comme un parasite dépend de son hôte. Suivre la femme était aisé, elle semblait ouvrir la voie avec tant d'aisance que même lui se rendait compte qu'il ne s'agissait là que d'un acte. Mais ne lui avait-elle pas dit de tout faire pour rester en vie ? Elle était devenue son radeau de sauvetage.
Jusqu'à ce que la tempête les sépare.
Camil n'a que peu de souvenirs de cette nuit. De bref éclairs, les flash lumineux des lampes de la police, les cris surpris des autres sans-abris. La voix de Cadence, rauque, qui ordonne à tout le monde de se séparer, sa poigne ferme qui le soulève et le repousse en arrière. Cette nuit là, elle lui hurla de courir, loin, et de ne pas se retourner en le repoussant. Et ses instincts primaires reprirent aisément le dessus, en accord total avec ce que son mentor venait de lui ordonner.
Camil courut, détala comme un rongeur paniqué par une menace qu'il n'appréhenda que plusieurs jours plus tard. Plus jamais il ne vit Cadence après ce jour là et encore parfois, la nuit, alors qu'il ne dort plus que d'une oreille depuis que c'est lui qui a un protégé, Camil pense encore à elle. Avec une tendresse qui, avec les années, s'est peu à peu départie de la crainte que lui avait inspiré la femme à leur première rencontre.
Recroquevillé dans un coin de ruine, Ulysse tout contre sa poitrine, Camil songe. Qu'est-elle devenue ? A-t-elle réussie à sortir de la Rue ? Que dirait-elle si elle le voyait aujourd'hui. Parfois, il aime à penser qu'elle serait fière de lui, de voir que désormais, il savait se débrouiller seul, avait même sauvé un poussin. Qu'avec ses gestes bourrus, elle lui ébourifferait les cheveux et lui donnerait une tape dans l'épaule, l'air de lui dire qu'il a bien grandit depuis la dernière fois qu'elle l'a vu. Bien sûr, il ne s'agit là que d'un rêve. Si Camil est convaincu que Cadence s'en est sortie – même un pessimiste comme lui avait ses convictions – il sait également que son mentor l'aurait houspillé. Lui qui se complaît dans sa misère, qui n'a pas plus d'ambition que de vivre un jour de plus à chaque fois que tombe la nuit. Elle ne lui taperait pas l'épaule amicalement, mais le secouerait comme une poupée de chiffon.
'N'as-tu rien appris ?!' lui crierait-elle, furieuse de le voir abandonner un peu plus chaque jour.
Mais Camil n'y peut rien, il a si froid qu'il ne le ressent plus que lorsqu'on lui tient la main. Et oh, Arceus, que cela fait longtemps qu'on ne lui a plus tenu la main. Son cœur et son âme engourdis ne savent plus comment vouloir, comment allumer le moteur pour le convaincre qu'il sait faire plus que simplement errer, voler et quémander. Seul Ulysse lui rappelle encore qu'il est en vie, et que cette vie influe sur celle d'un autre. Lui rappelle qu'il est bon de vouloir continuer à vivre un jour de plus même si ce n'est que pour nourrir un petit poussin rose.
Alors Camil avance, comme Cadence l'a fait pour lui, peut être avec un peu moins de panache et de facilité. Mais il avance.
Et peut être qu'un jour, il la retrouvera. Et peut être que ce jour là, elle sera vraiment fière de lui.